Trois samedis de suite, ma femme partait ‘au travail’. Ce que j’ai découvert a tout bouleversé

**Journal Intime**

Trois samedis daffilée, ma femme est partie « au travail ». Ce que jai découvert a tout changé.

Encore en retard ? Jessaie de garder un ton calme, mais ma voix tremble malgré moi.

Sophie sarrête, son sac à main suspendu dans lair. Elle se retourne lentement, comme pour gagner du temps.

Oui, le projet est en feu. Le patron est sur les dents, tout le monde court partout.

Un samedi ? Pour la troisième semaine ?

Marc, ne fais pas lenfant. Le travail, cest le travail.

Elle membrasse sur la joue vite, machinalement, comme une voisine dans lascenseur. Elle ne sent pas ses propres parfums, mais quelque chose de doux, presque infantile. Je grimace.

Soph, on peut parler ?

Ce soir. Promis, ce soir, daccord ?

La porte claque. Je reste planté dans lentrée, les poings serrés. Troisième samedi. Troisième satané samedi où elle part tôt et revient épuisée, silencieuse, étrangère.

Je nen peux plus. Je saisis les clés de la voiture.

Sophie sort de limmeuble, jette un regard autour delle. Je me baisse dans la voiture heureusement, je me suis garé derrière un camion de livraison. Elle monte dans un taxi. Je démarre.

Le trajet est long. Pas vers son bureau, ça, cest évident. Un quartier résidentiel à lautre bout de Paris. Mon cœur bat comme un fou. Je vais comprendre. Tout va séclairer.

Elle descend près dun immeuble défraîchi. Je me gare plus loin, la suis à distance. Elle entre. Jattends, compte les étages. Troisième. Fenêtre à gauche.

Rien pendant une demi-heure. Puis Sophie réapparaît. Mais pas seule.

Avec une poussette.

Je manque mécrouler. Un bébé ? Nous navons pas denfants, nous en parlions, avant ces samedis maudits

Lenfant pleure. Sophie berce la poussette, murmure des mots maladroits. Elle semble perdue. Une jeune femme surgit de limmeuble je reconnais la sœur cadette de Sophie, Lise. Cette Lise irresponsable qui, à vingt-cinq ans, a déjà divorcé deux fois.

Soph, merci ! Je reviens dans deux heures, max !

Lise, tu avais dit une heure !

Allez, sil te plaît ! Jai vraiment besoin de ça !

Lise senfuit, laissant sa sœur avec ce bébé hurlant. Sophie pousse la poussette davant en arrière, impuissante.

Je méloigne, madosse à un mur. Donc, pas un amant. Un neveu. Mais pourquoi mentir ?

Je rentre en vitesse. Il faut arriver avant elle. Il faut réfléchir.

À la maison, jarpente les pièces. Je pourrais simplement demander : « Soph, où étais-tu ? » Mais elle mentirait je le sais. Comme je mens, moi aussi.

Parce que jai un secret.

Clémence. La stagiaire du service voisin. Rien de sérieux juste des discussions après le bureau, un café, parfois un film. Elle écoute mes histoires sur le codage, rit à mes blagues, me regarde avec admiration. Comme Sophie, avant. Avant que notre vie ne se réduise à « achète du pain », « paie les factures », « tes chaussettes traînent ».

Avec Clémence, cest facile. Elle me rappelle la Sophie que jai aimée il y a sept ans. Joyeuse, insouciante, capable découter pendant des heures mes divagations sur les algorithmes.

La clé dans la serrure. Je sursaute, attrape la télécommande, allume la télé.

Salut, Sophie passe la tête dans le salon. Tu es resté là toute la journée ?

Ouais. Pas envie de sortir.

Elle se dirige vers la cuisine. Jentends leau couler, les assiettes sentrechoquer. Je la suis.

Sophie est devant lévier, frotte une tasse. Les épaules voûtées, des cernes sous les yeux. Une tache sur son jean du lait maternisé, sans doute.

Soph.

Quoi ?

Tu es fatiguée.

Elle se retourne, surprise.

Oui. Fatiguée.

Et si on dînait dehors ? Ce petit italien où on était pour notre anniversaire ?

Marc, je suis crevée. Commandons une pizza ?

Je hoche la tête. La regarde prendre son téléphone, chercher le numéro du livreur. Ses mains tremblent.

Soph, quest-ce qui se passe ?

Comment ça ?

Tu nes pas la même. Depuis un mois.

Elle se fige. Le téléphone lui échappe, tombe sur la table.

Cest juste le boulot, Marc. Trop de boulot.

Le samedi ?

Oui ! Le samedi ! Arrête de mharceler !

Sa voix se brise. Elle est sur le point de pleurer. Je mapproche, lenlace. Elle se raidit, puis se relâche, enfouit son visage dans mon épaule.

Désolée. Je suis juste épuisée.

Elle sent la poudre pour bébé et quelque chose daigre du lait régurgité, sans doute. Je caresse son dos, sens son cœur battre à tout rompre.

Soph, si quelque chose ne va pas, dis-le. Je ne suis pas un étranger.

Elle sécarte, essuie ses yeux.

Tout va bien. Vraiment. Juste une période difficile. Ça va sarranger.

La pizza arrive quarante minutes plus tard. Nous mangeons en silence, évitant nos regards. Ensuite, Sophie va se doucher, et je reste à contempler ma part refroidie.

Je pourrais parler. « Soph, je tai vue avec une poussette. Cest ton neveu ? » Mais alors, je devrais avouer lavoir suivie. Et elle demanderait : « Et toi ? Où passes-tu tes vendredis soir ? »

Que répondrais-je ? Que je suis au café avec une autre ? Que je lui confie ce que je ne dis plus à ma femme ? Que parfois, je me demande : et si ?

Mon téléphone vibre. Un SMS de Clémence : « On se voit lundi ? Je veux te montrer ce film dont jai parlé. »

Je supprime le message. Non. On ne se verra pas. Assez.

Sophie sort de la salle de bain en peignoir, les cheveux mouillés, le visage rosé par la chaleur. Elle sassoit près de moi.

Marc, demain, on reste à la maison. Juste nous deux.

Et le travail ?

Au diable le travail.

Je souris. Quand a-t-elle dit ça pour la dernière fois ?

Daccord. On reste.

Elle prend ma main. Ses doigts sont froids, malgré la douche brûlante.

On a perdu quelque chose, non ?

Quoi ?

Nous. On sest perdus.

Je serre sa main.

On se retrouvera.

Le lendemain, nous nous réveillons tard. Sophie fait des crêpes une première depuis des mois. Je prépare le café, coupe des fruits. Petit-déjeuner sur le balcon, malgré le froid.

Tu te souviens de notre petit-déj à Prague ? dit Sophie. Sur cette terrasse minuscule ?

Où tu as failli faire tomber ta tasse sur un passant ?

Je nai pas failli, je lai mal posée, cest tout !

Nous rions. Ça fait si longtemps.

La journée est étrange. Comme si nous jouions aux jeunes mariés. Serie télé enlacés sur le canapé. Cuisine en duo moi aux légumes, elle à la sauce. Pas un mot sur le travail, largent, les projets. Juste linstant présent.

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Pitié, ma chère, ayez compassion de moi… Je n’ai pas mangé de pain depuis trois jours, et il ne me reste plus un sou,» supplia la vieille femme devant la marchande du marché.