À genoux dans le couloir…

Dans le couloir, à genoux…

Le petit Louis, cinq ans, avait été emmené à lhôpital et conduit à létage. Sa mère, Élodie, navait pas eu le droit de le suivre. Elle sétait assise en bas, sur lun de ces vieux fauteuils en bois écaillés, sursautant à chaque bruit.

Lesprit embrumé, elle appela son mari : « Louis est en danger. Il ne tient plus. Cest grave. »

Son mari répondit avec calme : « Il a mon sang et celui de grand-père. On est solides, nous. Ne taffole pas. Tout ira bien. Nous sommes à la campagne avec Maman, à cueillir des champignons. Rentrez à la maison, laisse les médecins faire leur travail. »

Ce couloir était sinistre, terne, indifférent à sa souffrance.

Elle sortit sur le perron de lhôpital, le cœur serré : « Maman, Louis va mal. Je lai vu dans le regard des médecins. Il va vraiment mal. »

Et elle éclata en sanglots.

Sa mère répliqua aussitôt : « Écoute-moi bien. Le mal attire le mal. Chasse ces idées noires, pense à du positif. Crois au meilleur. La lumière appelle la lumière. Et se ronger ne sert à rien. Ressaisis-toi. »

Lair était lourd dans ce couloir. Linfirmière de service lui lança sèchement : « Allons, madame, pas dhystérie ! Vous dérangez le personnel. »

Elle navait plus que sa sœur. Personne dautre. « Camille, Louis va mal. Les médecins ne disent rien. Il est inconscient ! »

Camille murmura avec douceur : « Ça arrive souvent aux enfants. Ce sont des maladies de croissance. Crois-moi. Si tu pleures, tu ne feras quempirer les choses. »

Élodie séloigna, se réfugiant au fond du couloir, là où lombre était la plus épaisse. Le bâtiment datait davant-guerre, jamais rénové.

Dune main tremblante, elle retira sa croix de baptême, se mit à genoux, et pressa lobjet contre ses lèvres. Peu importait quon la voie. « Tu es tout-puissant, je le sais, jy crois. Tu as connu la souffrance. Tu sais ce quest la douleur. Ta Mère a pleuré comme je pleure. Tend-moi la main, console-moi. Il ny a que Toi, moi, et cette douleur. Je ne veux que Ta miséricorde, Ton amour. Aide-moi, mon Dieu. Il ny a que Toi. »

Elle resta là, immobile, comme pétrifiée.

La porte souvrit. Une silhouette en blouse blanche apparut. Le médecin laperçut, sapprocha et lui tendit la main. « Relevez-vous. Respirez. Votre enfant sen sortira. Je vous le promets. Allez, debout. »

Elle saccrocha à cette main bienveillante et se redressa. « Je Je ne trouve pas les mots. Merci. Puis-je rester ici cette nuit ? Sur les chaises ? »

Le vieux docteur esquissa un sourire. « Non. Rentrez chez vous. Tout ira bien. Appelez demain. » Il lui glissa sa carte de visite.

Le lendemain, son mari, sa sœur et sa mère lui dirent quils avaient eu raison. Quelle aurait dû les écouter au lieu de paniquer comme une folle.

Mais aucun deux ne comprenait que la véritable sagesse les dépassait tous. Elle était là, dans la prière dune mère, dans son amour infini, dans Celui qui ne labandonnerait jamais.

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À genoux dans le couloir…
«LES PETITES CLOCHETTES»