Ferme ta bouche et plus un mot sur les vacances, ma sœur arrive demain avec sa famille,» souffla le mari d’un ton rageur.

«Ferme ta bouche et plus un mot sur les vacances, ma sœur arrive demain avec sa famille,» gronda le mari.

«Arrête de mennuyer avec ta mer !» éclata Julien en lançant la télécommande sur le canapé. «Élodie arrive demain avec sa famille, et nous nallons nulle part !»

Les mots tombèrent dans le salon comme une douche glacée. Amélie se figea au milieu de la pièce, une brochure de voyage avec des photos dune mer azur tremblant entre ses doigts.

Quentends-tu par *mennuyer* ?

Elle posa lentement la brochure sur la table basse. Julien saffalait dans le fauteuil, zappant dune chaîne à lautre, et la lumière de lécran donnait à son visage un air distant, indifférent.

«Quest-ce que tu as dit ?» Sa voix était calme, mais quelque chose de dangereux y frémissait.

«Jai dit ce que jai dit.» Il ne la quitta pas des yeux. «Élodie arrive avec Thomas et les enfants. Pour un mois. Alors oublie ta mer et cesse de me harceler.»

*Un mois.* Les mots restèrent en suspens, lourds et insupportables. Amélie sentit quelque chose se nouer en elle.

«Julien, nous avions prévu ces vacances depuis lhiver. Jai déjà acheté le séjour. Payé de ma poche.» Elle parlait lentement, comme à un enfant. «Jai attendu une année entière»

«Et jai ditoublie ça !» Il frappa la table du plat de la main. «La famille passe avant tes caprices !»

*Caprices ?* Le sang lui monta aux joues. Ces nuits blanches avec la calculette, à compter chaque centime ? Renoncer à un manteau neuf pour économiser ? Ces rêves dair marin quelle simaginait chaque matin en allant travailler ?

«Quels caprices, Julien ?» Elle savança vers lui, le geste empreint dune étrange détermination. «Je travaille sans relâche. À la maison, au bureau. Quand me suis-je reposée pour la dernière fois ?»

«Ne commence pas tes jérémiades.» Il augmenta le volume. «Élodie est ma sœur. Elle vient rarement. Point final.»

*Rarement ?* Amélie éclata dun rire sec. Élodie débarquait chez eux chaque été comme une tempête inévitable. Avec ses trois enfants, son mari Thomasun homme capable de vider un frigo et den redemander. Et chaque fois, Amélie devenait leur domestique.

«Julien, écoute-moi.» Elle sassit en face de lui, au bord du canapé. «Je comprends que la famille compte. Mais je suis une personne, moi aussi. Jai des besoins, des envies»

«Quelles envies ?» Il la regarda avec mépris. «Te prélasser sur la plage ? Nager ? Quoi, tu es une poule mouillée ?»

*Une poule mouillée ?* Amélie observa son maricelui avec qui elle avait partagé quinze ans de vie. Quand ses yeux étaient-ils devenus si froids ?

«Oui, je veux voir la mer.» Elle se leva. «Je veux me réveiller au bruit des vagues. Marcher pieds nus sur le sable. Être juste Amélie, pas la cuisinière, la femme de ménage et la nounou des enfants des autres.»

*»Des autres ?»* Julien bondit de son siège. «Ce sont les enfants de ma sœur !»

«Qui saccageront la maison dès le premier jour !» Elle ne put se contenir. «Qui crieront, casseront tout, exigeront ceci ou cela ! Et Élodie sera vautrée sur le canapé à se plaindre de sa vie !»

«Comment oses-tu ?» Le visage de Julien sassombrit. «Élodie est une mère merveilleuse !»

«Une mère merveilleuse nélève pas des monstres !» Les mots jaillirent comme des pierres. «Tu te souviens de lan dernier ? Le vase de mémorie cassé, les murs gribouillés, et le petit qui a failli mettre le feu à la cuisine !»

«Ce ne sont que des enfants»

«Et moi ? Je ne suis pas une personne ?» Une chaleur furieuse montait en elle. «Je dois subir ce cauchemar parce que *ce ne sont que des enfants* ?»

Julien la dévisagea, surpriscomme sil la voyait pour la première fois ainsi : échevelée, les yeux en feu, prête à en découdre.

«Élodie arrive demain,» dit-il calmement. «Cest irrévocable.»

«Alors accueille-les seul.» Elle se dirigea vers la porte.

«Où vas-tu ?»

«Dans la chambre.» Elle se retourna sur le seuil. «Réfléchir.»

Réfléchir à comment vivre avec quelquun qui ne la voyait que comme une bonne à tout faire.

La porte claqua, et un silence pesant envahit la maison. Un silence de veille dorage.

Amélie sallongea sur le lit, fixant le plafond. Dans sa main, elle serrait encore la brochure froissée. *La mer* Elle avait tant imaginé ces vacances. Les matinées en bord de plage, lair salin, la liberté loin des tâches ménagères. Et à la placeun mois desclavage pour des enfants gâtés et leurs parents indifférents.

*Mais que puis-je faire ?*

Elle sendormit sur cette pensée, agrippée au dernier fragment de son rêve.

Dehors, les arbres bruissaient, un murmure semblable au ressacla mer quelle nentendrait pas cet été.

*Ou peut-être que si ?*

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Ferme ta bouche et plus un mot sur les vacances, ma sœur arrive demain avec sa famille,» souffla le mari d’un ton rageur.
C’est chez elle