Je me tiens devant la porte de ma propre maison à Lyon, la clé inutile dans ma main tremblante, tandis que mon cœur se brise en mille morceaux. Mon mariage, pour lequel jai tant lutté, sest effondré en un instant. Mais mon mari infidèle et sa maîtresse ignorent la leçon que je mapprête à leur donnerune leçon quils noublieront jamais.
*»Théo, il est presque dix heures,»* ma voix tremble en lappelant la veille au soir. *»Tu avais promis dêtre là pour sept heures.»*
Il pose ses clés sur la table sans même me regarder.
*»Le travail, Camille. Tu veux que je dise quoi à mon patron ? Que je dois rentrer chez ma femme ?»* Son ton est chargé dagacement, comme si jétais une nuisance.
Je serre les poings, contemplant la table que jai décorée pour un simple dîner danniversaire. Deux bougies vacillent près du gâteau que jai acheté pendant ma pause déjeuner.
*»Oui, Théo. Cest exactement ce que tu pourrais faire. Pour une fois,»* je croise les bras, retenant mes larmes. *»Cest mon anniversaire.»*
Enfin, il remarque la table. Son visage se décompose.
*»Merde, Camille, jai oublié»* Il passe une main dans ses cheveux.
*»Évidemment,»* je réponds dune voix glacée, la douleur métouffant de lintérieur.
*»Ne commence pas,»* il se défend. *»Je travaille pour nous, tu le sais.»*
Je souris amèrement.
*»Pour nous ?»* je rétorque. *»Tu nes presque jamais là, Théo. Quand est-ce quon a dîné ensemble pour la dernière fois ? Regardé un film ? Parlé comme mari et femme ?»*
*»Cest injuste,»* il fronce les sourcils. *»Je construis une carrière pour notre avenir.»*
*»Quel avenir ? On vit comme des étrangers sous le même toit !»* Ma voix se brise. *»Je gagne plus que toi, alors ne te cache pas derrière faire vivre la famille.»*
Son expression se durcit.
*»Bien sûr, tu allais me sortir ça,»* il ricane. *»Comment pourrais-je rivaliser avec ma brillante épouse ?»*
*»Ce nest pas ce que je voulais dire»*
*»Assez, Camille. Je vais me coucher,»* il coupe court et séloigne, me laissant seule avec le gâteau froid et les bougies consumées.
Je les éteins, me murmurant que les choses sarrangeront. Cest mon mari. Je laime. Les mariages ont leurs difficultés, nest-ce pas ce quon dit toujours ?
Comment ai-je pu me tromper en lui pardonnant si facilement ?
Nous étions mariés depuis trois ans, mais la dernière année avait été une lente déchirure. Nous navions pas denfantset aujourdhui, jen remercie le destin. Mon poste de directrice marketing finançait lessentiel de nos dépenses, tandis que Théo, commercial, se plaignait du stress, des horaires, des bouchons de tout, sauf de la vérité, que jai découverte trop tard.
Trois semaines après cet anniversaire gâché, je rentre plus tôtune migraine insupportable. Je veux juste un comprimé et mon lit. Mais en arrivant devant notre maison en banlieue lyonnaise, quelque chose me frappe. La serrure, autrefois en laiton, est maintenant neuve, dun métal argenté.
*»Quoi ?»* Je murmure en glissant ma clé. Elle ne tourne pas.
Je réessaie, mais rien. Je vérifie ladresse. Cest bien chez moi.
Puis je vois un mot sur la porte, écrit de la main de Théo : *»Ce nest plus chez toi. Trouve un autre endroit.»*
Le monde bascule. Mon sang se glace.
*»Putain, sérieux ?»* Je frappe la porte, hurlant son nom. Finalement, elle souvre. Théo se tient là, et derrière lui, une femme dans mon peignoir en cachemireun cadeau de ma mère.
*»Sans blague ?»* Ma voix tremble de rage.
*»Camille, écoute,»* il croise les bras, suffisant. *»Je passe à autre chose. Ana et moi sommes ensemble. On a besoin de cet appartement. Va-ten.»*
Ana. La même *»simple collègue»* dont il parlait depuis des mois. Elle savance, mains sur les hanches.
*»Tes affaires sont dans des cartons au garage. Prends-les et pars.»*
Je les dévisage, incrédule. Puis je tourne les talons et marche vers ma voiture, une détermination froide menvahissant. Ils croient pouvoir me jeter comme une vieille chaussette ? Ils se trompent.
Je savais vers qui me tourner.
*»Camille ? Mon Dieu, quest-ce qui tarrive ?»* Ma sœur Élodie ouvre la porte de son appartement, voit mes larmes et mattire à lintérieur. *»Raconte-moi.»*
Je meffondre sur son canapé, et lhistoire sort entre sanglots.
*»Quel salaud !»* siffle-t-elle. *»Et cette Ana portait ton peignoir ?»*
*»Celui offert par maman,»* je hoquette. *»En cachemire.»*
Élodie revient avec deux verres de vin.
*»Bois,»* ordonne-t-elle. *»Ensuite, on va leur rendre la monnaie de leur pièce.»*
*»Que puis-je faire ? Lappart est au nom de Théo. Le crédit était à son nom parce que le mien était encore fragile après mon master.»*
Élodie plisse les yeux.
*»Et qui a payé tout le reste ?»*
*»On partageait, mais»* Je minterromps, réalisant. *»Jai tout acheté. Les meubles, lélectroménager, la rénovation de la salle de bains lan dernier. Tout est à mon nom.»*
*»Exactement !»* Elle sourit, malicieuse. *»Qua-t-il, Théo, à part quatre murs vides ?»*
Je consulte mon application bancaire.
*»Jai tous les reçus. Jai toujours géré les comptes.»*
*»Bien sûr, mademoiselle Comptable,»* elle rit. *»La reine de lorganisation !»*
Pour la première fois depuis ce cauchemar, je reprends le contrôle.
*»Ils croient avoir gagné, hein ?»* Je murmure.
Élodie trinque avec moi.
*»Ils ne savent pas à qui ils ont affaire.»*
Le lendemain, jappelle mon amie avocate, Margaux.
*»Ce quil a fait est illégal,»* dit-elle après une gorgée de café. *»Il ne peut pas changer la serrure et te virer, même si lappart est à son nom. Tu as le droit dy vivre.»*
*»Je ne veux pas y retourner,»* je réponds fermement. *»Mais je veux récupérer ce qui est à moi.»*
Margaux sourit.
*»Alors faisons une liste.»*
Nous passons la matinée à tout inventorier : le canapé, la télé, le frigo, jusquaux tapis. À midi, jai une liste détaillée, avec reçus et dates.
*»Impressionnant,»* approuve-t-elle. *»Avec ça, personne ne peut nier que cest à toi.»*
*»Donc je peux tout reprendre ?»*
*»Légalement, oui. Mais je te conseille dy aller avec un policier pour éviter les accusations.»*
Je me souviens du sourire suffisant de Théo. DAna dans mon peignoir. De leur certitude davoir gagné.
*»Non,»* je dis lentement. *»Jai une meilleure idée.»*
Le même jour, je contacte une entreprise de déménagement. Le patron, Julien, écoute mon histoire et hoche la tête.
*»On a eu un cas similaire,»* dit-il.
Demain, pendant que Théo et Ana prendront leur café, les déménageurs entreront avec mon ancienne clé et emporteront jusquà la dernière cuillère que jai payée avec mon salaire, laissant lappartement aussi vide quun désert.







