**Mon journal intime La rupture définitive**
Ma patience a atteint ses limites. Aujourdhui, jai posé un ultimatum : la fille de ma femme ne remettra plus jamais les pieds dans notre maison. Moi, Marc, jai supporté pendant deux longues années les tensions et les blessures pour tenter de bâtir une relation avec cette jeune femme, fruit du premier mariage de ma femme. Mais cet été, elle a franchi une ligne que je ne peux plus ignorer. Ma patience, déjà fragile, sest effondrée sous le poids de la colère et de la douleur. Voici lhistoire déchirante qui a conduit à cette décision irrévocable.
Lorsque jai rencontré ma femme, Élodie, elle portait encore les cicatrices de son passéun mariage brisé et une fille de vingt ans prénommée Camille. Son divorce datait de treize ans. Notre amour a éclaté comme un feu dartifice : une passion brûlante qui nous a poussés à nous marier rapidement. La première année, je nai même pas essayé de mapprocher de Camille. Pourquoi mimmiscer dans la vie dune étrangère qui, dès notre première rencontre, ma regardé comme un intrus venant voler son monde ?
Son hostilité était évidente comme le soleil à midi. Ses grands-parents et son père avaient empoisonné son esprit, lui répétant que notre nouvelle famille signifiait la fin de ses privilègeslamour exclusif et laisance financière qui nétaient autrefois réservés quà elle. Et ils navaient pas tout à fait tort. Après le mariage, jai forcé Élodie à une discussion houleuse. Jétais furieux : elle dépensait presque tout son salaire pour les caprices de Camille. Bien quÉlodie gagne bien sa vie et verse une pension alimentaire, elle ne pouvait sempêcher dacheter à sa fille tout ce quelle désiraitdes ordinateurs dernier cri aux vêtements de luxe, grignotant notre budget. Notre famille, installée dans une modeste maison près de Lyon, vivait chichement avec le peu qui restait.
Après des disputes mémorables, nous avons trouvé un compromis fragile. Les dépenses pour Camille seraient limitéespension, cadeaux aux fêtes, quelques sortiesmais les folies financières prendraient fin. Du moins, cest ce que je croyais.
Tout a basculé à la naissance de notre fils, le petit Théo. Une lueur despoir sest allumée en moi : jimaginais les deux enfants grandir comme de vrais frère et sœur, unis par les rires et les moments partagés. Mais au fond, je savais que cétait un rêve impossible. Lécart dâgevingt et un ansétait trop grand, et Camille détestait Théo dès son premier souffle. Pour elle, il était une insulte vivante, la preuve que largent et lattention de sa mère ne lui appartenaient plus. Jai tenté de raisonner Élodie, mais elle saccrochait à lillusion dune harmonie familiale avec une obstination fanatique. Elle répétait quelle les aimait également. Jai finalement cédé. Quand Théo a eu dix-sept mois, Camille a commencé à nous rendre visite dans notre petite maison près de Toulouse, soi-disant pour « jouer avec son petit frère ».
Cest là que jai dû affronter la réalité. Entre nous, aucune étincelle de chaleur. Camille, influencée par les mots venimeux de son père et de ses grands-parents, me regardait avec froideur. Ses yeux me transperçaient, maccusant silencieusement davoir volé sa mère et son existence.
Puis sont venues les petites méchancetés. Elle a « accidentellement » renversé mon parfum, laissant des éclats de verre et une odeur âcre. Elle a « par inadvertance » versé du piment dans ma soupe, la rendant immangeable. Une fois, elle a taché ma veste en cuir préférée avec ses mains sales, un sourire narquois aux lèvres. Je me suis plaint à Élodie, mais elle haussait les épaules : « Ce ne sont que des enfantillages, Marc. Ne fais pas une montagne dun rien. »
Lapogée est arrivée cet été. Élodie a invité Camille pour une semaine, tandis que son père était en vacances sur la Côte dAzur. Nous étions chez nous, près de Bordeaux, et jai vite remarqué que Théo était agité. Mon petit rayon de soleil, dhabitude si joyeux, pleurait sans raison. Jai dabord cru à la chaleur ou aux dentsjusquà ce que je découvre la vérité.
Un soir, jai aperçu Camille, en train de le pincer sournoisement les jambes. Il sanglotait, et elle souriait, triomphante. Les bleus que javais remarqués sur son corps prenaient soudain un sens terrible. Cétait elle.
Une rage froide ma submergé. Camille avait vingt-deux ansplus une enfant ignorante. Je lui ai crié dessus avec une violence qui a fait trembler les murs. Mais au lieu de regret, elle ma craché son venin : elle souhaitait notre mort pour « récupérer » sa mère et son argent. Je ne sais pas comment je me suis retenu de la frapperpeut-être parce que je serrais Théo contre moi, essuyant ses larmes.
Élodie était sortie faire des courses. À son retour, je lui ai tout raconté, le cœur battant. Mais Camille, comme prévu, a joué la comédielarmes et serments dinnocence. Élodie la crue, pas moi. Elle a dit que ma colère maveuglait. Je nai pas discuté. Jai simplement posé une condition : plus jamais cette fille nentrerait chez nous. Jai pris Théo et suis parti quelques jours chez ma sœur, à Lille. Javais besoin de calme avant de perdre la tête.
À mon retour, Élodie ma accueilli avec reproche. Elle ma accusé dinjustice, affirmant que Camille avait pleuré sans cesse. Je suis resté silencieux. Plus de forces pour ces drames. Ma décision est inébranlable : Camille ne reviendra pas. Si Élodie pense le contraire, quelle choisissesa fille ou notre famille. La santé de mon fils passe avant tout.
Je ne céderai pas. QuÉlodie décide ce qui compte le plus : les larmes de crocodile de Camille ou notre vie avec Théo. Jen ai assez de ce cauchemar. Une maison doit être un refuge, pas un champ de bataille. Sil le faut, je divorcerai sans hésiter. Mon fils ne souffrira plus à cause de la haine de quiconque. Plus jamais. Camille est rayée de notre vie, et jai fermé la porte à double tour.







