Je n’ai jamais aimé ma femme et je le lui ai souvent répété. Ce n’était pas de sa faute : nous vivions plutôt bien ensemble. Elle ne faisait jamais de scènes, ne me reprochait rien ; toujours douce et affectueuse. Pourtant, le problème persistait : il n’y avait pas d’amour.
Chaque matin, je me réveillais avec l’envie de partir. Je rêvais de rencontrer une femme que j’aimerais vraiment. Mais je n’aurais jamais imaginé à quel point le destin prendrait un tournant si imprévisible.
Avec Amélie, je me sentais à l’aise. Non seulement elle tenait parfaitement la maison, mais elle était aussi éblouissante. Mes amis m’enviaient et ne comprenaient pas comment javais eu autant de chance avec elle.
Moi-même, je ne savais pas ce que javais fait pour mériter son amour. Je suis un homme ordinaire, sans rien qui me distingue des autres. Pourtant, elle maimait Comment était-ce possible ?
Son amour et sa dévotion me hantaient. Ce qui me torturait le plus, cétait lidée quen partant, un autre prendrait ma place. Un homme plus riche, plus séduisant, plus accompli.
Limaginer avec un autre me rendait fou. Elle était à moi, bien que je ne laie jamais aimée. Ce sentiment de possession surpassait la raison. Mais peut-on vivre toute une vie avec quelquun quon naime pas ? Jai cru que oui, je me suis trompé.
Demain, je lui dirai tout décidai-je en me couchant. Au petit-déjeuner, jai pris mon courage à deux mains.
Amélie, assieds-toi, il faut que nous parlions.
Bien sûr, je técoute, mon chéri.
Imagine que nous divorçons. Je pars et nous vivons séparés
Amélie éclata de rire :
Quelle drôle didée ! Cest un jeu ?
Écoute jusquau bout. Cest sérieux.
Daccord, jimagine. Et ensuite ?
Réponds-moi sincèrement : trouverais-tu quelquun dautre si je men vais ?
Théo, quest-ce qui te prend ? Pourquoi penses-tu à partir ?
Parce que je ne taime pas, et que je ne tai jamais aimée.
Quoi ? Tu plaisantes ? Je ne comprends pas.
Je veux partir, mais je ne peux pas. Lidée que tu sois avec un autre me tourmente.
Amélie réfléchit un instant, puis répondit calmement :
Je ne trouverai personne de mieux que toi, alors ne tinquiète pas. Pars, je ne serai avec personne dautre.
Tu me le promets ?
Bien sûr massura-t-elle.
Attends mais où devrais-je aller ?
Tu nas nulle part où aller ?
Non, nous avons toujours vécu ensemble. Je devrai sûrement rester près de toi dis-je, mélancolique.
Ne ten fais pas répondit Amélie. Après le divorce, nous échangerons lappartement contre deux plus petits.
Vraiment ? Je ne mattendais pas à tant daide. Pourquoi fais-tu ça ?
Parce que je taime. Quand on aime, on ne retient pas lautre contre son gré.
Quelques mois plus tard, nous divorçâmes. Peu après, jappris quAmélie navait pas tenu sa promesse. Elle avait trouvé un autre homme, et les appartements hérités de sa grand-mère, elle navait jamais eu lintention de les partager. Je me retrouvai sans rien.
Comment faire confiance aux femmes désormais ? Je nen ai aucune idée.
La vie nous apprend parfois que légoïsme et lillusion se cachent derrière les belles paroles, et que la véritable liberté ne vient jamais de la possession, mais du détachement.







