Rita à sa sœur : Il n’est pas fait pour toi, il me correspond mieux. Annulons ce mariage !

Margaux à sa sœur : Il nest pas ton genre, il me correspond mieux. Annulons ce mariage.

Vous nêtes pas compatibles, murmura Élodie à sa sœur. Il est trop jeune pour toi, mais parfait pour moi. Il faut tout arrêter.

Sophie habitait un vaste trois-pièces dans le quartier chic du Marais, hérité de sa grand-tante. À part sa petite cousine, personne ne lui restait. Pourtant, elle ne ressentait aucune affinité avec Élodie.

À trente-cinq ans, Sophie était célibataire, mais propriétaire. Elle savait quelle ne pouvait compter que sur elle-même. Diplômée de Sciences Po, elle occupait un poste enviable dans une multinationale. Sa vie était idéale sauf sur un point.

Tu devrais te marier, Sophie, lui rappelait Élodie de temps en temps, entre deux appels téléphoniques.

À trente ans, sa sœur avait déjà trois enfants et deux divorces derrière elle. Elle survivait en banlieue grâce aux pensions alimentaires, tentant vainement de reconstruire son existence.

Jaimerais bien, mais avec qui ? répondait Sophie. Au bureau, elle préférait se concentrer sur ses dossiers, et ses rares loisirs ne laissaient pas de place aux rencontres. Jusquau jour où le destin lui glissa un nouveau voisin à létage supérieur. Ils sétaient croisés lorsque Sophie avait embouti la voiture de Julien sur le parking et tout avait basculé.

Julien avait cinq ans de moins, mais cela ne dérangeait pas les amoureux. Sophie, bien que traditionnelle, refusait de cohabiter avant le mariage. Après deux mois de fréquentation, Julien lui offrit une bague.

Elle choisit un tailleur blanc plutôt quune robe de mariée, et au lieu dun banquet, ils optèrent pour un voyage. Tout se déroulait à merveille jusquà lintervention dÉlodie. Elle appela Sophie une semaine avant la cérémonie.

Coucou ma chérie On pourrait sinstaller chez toi quelque temps ? Les loyers sont exorbitants, et on est à sec. Cest urgent.

Quest-ce qui se passe ?

Jai besoin dune opération coûteuse. Je texpliquerai, chuchota-t-elle, cultivant le mystère.

Bon, si cest sérieux venez, soupira Sophie, peu enthousiaste mais incapable de refuser. Elle savait trop bien ce que cétait que de navoir personne.

Élodie débarqua le lendemain avec ses valises et ses trois garnements, tous en bas âge. Sophie supportait mal les enfants ; un, à la rigueur, mais trois, geignards et turbulents

Dis-moi tout de suite combien de temps vous restez, demanda Sophie en arrachant un feutre des mains du cadet, déjà occupé à dessiner sur le mur.

Je ne sais pas on te gêne, cest ça ? Élodie se vexa. Désolée on aurait dû chercher une autre solution. Mais entre les médecins, les examens

Non, ce nest pas ça. Alors, cest quoi ton problème ? rougit Sophie, honteuse de son manque de générosité.

Cest compliqué haussa Élodie. Des soucis de vision.

Tes yeux ? Sophie avait toujours vu sa sœur avec des lunettes, mais ignorait la gravité.

Laisse tomber, cest mon affaire. Parle-moi plutôt de toi.

Je me marie, annonça Sophie, fière.

Et tu ne men as pas parlé ?!

On a préféré éviter les festivités.

Avec ton salaire, tu pourrais toffrir un mariage de rêve !

Élodie

Désolée. Alors, ce fiancé ? Je le rencontre ?

Il habite juste à côté et devait passer pour le thé.

Parfait ! Prépare la table, je vais me laver les cheveux. Ce trajet en RER une horreur.

Les serviettes sont dans la salle de bains.

Je me dépêche. Tu surveilles les petits, daccord ?

Sophie fronça les sourcils. Elle comptait préparer le gâteau au chocolat préféré de Julien, pas jouer les nounous.

Dès quÉlodie disparut, les enfants parurent soudain calmes, jouant aux petites voitures. Elle sortit farine et œufs et commença.

La paix fut brève. Le gâteau ne vit jamais le jour. Lun renversa la farine, un autre vola le chocolat et sen enduisit, ainsi que les murs. Le troisième, tranquillement, défeuillait son ficus préféré et éparpillait la terre du pot.

Élodie ! Tes monstres entra Sophie dans la salle de bains pour leur rendre leur mère. Mais Élodie, les yeux fermés, écouteurs aux oreilles, se prélassait dans son bain au lieu dune douche rapide.

Élodie !

Pourquoi tu hurles ? Un problème ?

Oui ! Tu es là depuis une heure et demie. Je dois me préparer, et je suis couverte de chocolat. La cuisine est un champ de bataille !

Cest pas ma faute si tu ne sais pas gérer des gosses, rétorqua Élodie. La sonnette retentit. Sophie accueillit Julien, tablier maculé.

Salut fit-il en la détaillant. Tout va bien ?

Ma sœur est là. Timing parfait.

Je peux revenir plus tard ?

Non, reste. On est presque famille, sourit Sophie en prenant le gâteau quil avait apporté.

Julien était compréhensif. Il aida à nettoyer et parvint même à apprivoiser les enfants.

Élodie, elle, mit une éternité à sortir.

Ta sœur est où ?

Elle se sèche de lhumidité maternelle, plaisanta Sophie. À cet instant, Élodie entra, enveloppée dans une serviette.

Bonjour Julien, fit-elle en avançant une jambe, posture étudiée. Sophie la dévisagea, stupéfaite.

Bonsoir, répondit-il, poli.

Mon gâteau favori ! gloussa Élodie en léchant la crème sur son doigt, sous le regard médusé de Sophie.

Élodie, on prend le thé. Habille-toi si tu veux nous rejoindre.

Je lenlève, alors ? ricana-t-elle.

Julien ignora ses avances, mais son silence blessa Sophie.

Le thé fut silencieux. Élodie se comportait étrangement, tandis que Sophie surveillait les enfants du coin de lœil.

Je dois y aller, dit Julien, latmosphère devenue pesante.

Déjà ? On a de la place, insista Élodie.

Nous ne sommes pas comme ça, coupa Sophie.

Quelle vieille mentalité ! Tinquiète, je tapprendrai. Ton mariage approche et tu ny connais rien.

Enchanté, au revoir, bredouilla Julien.

À très vite ! lui lança Élodie.

Sophie ne lui adressa plus la parole de la soirée.

Franchement, vous nêtes pas faits pour vous, déclara Élodie le lendemain.

Ah oui ?

Il est jeune, et toi

La différence est minime.

Mais visible.

Quest-ce que tu insinues ?

Disons quil me correspond mieux.

Sérieusement ?

Les garçons ladorent. Et il narrêtait pas de me regarder il voulait rester avec nous !

Avec moi ! sénerva Sophie.

Je rigolais, je te testais.

Et ton opération ? changea-t-elle de sujet.

Demain. Mais jai rendez-vous aujourdhui. Tu gardes les enfants ?

Je travaille.

Tes la patronne ! Prends un jour.

Et après lopération, je devrai me reposer. Il faudra soccuper deuxSophie regarda sa sœur droit dans les yeux et, pour la première fois, prononça un «non» ferme qui résonna comme une porte qui se referme définitivement.

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Rita à sa sœur : Il n’est pas fait pour toi, il me correspond mieux. Annulons ce mariage !
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