De la première rencontre à l’adieu : une histoire d’amour à la française

**De la rencontre à ladieu**

Il y a cinq ans, Élodie se retrouva seule. Son mari était mort après une longue lutte contre le cancer. Avant cela, leur unique fille, Claire, avait épousé un homme et déménagé à Lyon, où elle avait donné naissance à un fils, Théo, puis trois ans plus tard à une fille, Manon. Du temps où son mari était encore en bonne santé, Élodie rendait visite à Claire. Mais lorsquil tomba malade, elle ne pouvait plus le quitter.

Claire venait parfois, laissant les enfants avec son mari. Elle estimait quils navaient pas besoin de voir leur grand-père souffrir. Pour lenterrement, elle vint seule. Et juste après, elle se prépara à repartir.

« Désolée, maman, mais avec les enfants et mon mari Tu devrais venir chez nous. Quest-ce que tu vas faire ici toute seule ? »

Et elle partit. Élodie resta seule. Elle souffrait terriblement de labsence de son mari. Même malade, il était là. Mais maintenant ? Personne navait besoin delle.

Après neuf jours, Élodie décida finalement de rendre visite à Claire. Mais sa fille et son gendre travaillaient toute la journée, et les petits-enfants, qui ne la connaissaient presque plus, lévitaient. Elle se sentait de trop. Après une semaine, elle fit ses valises.

« Maman, tu ne veux pas rester un peu plus longtemps ? » proposa Claire, mais sans insister lorsque Élodie refusa.

Elle ne retourna plus jamais chez eux. Lannée dernière, ils firent une halte chez elle en rentrant de vacances. Théo, presque quatorze ans, ne quittait plus ses écouteurs ni sa tablette. Manon, avec ses mèches roses, passait ses journées à envoyer des messages et à mâcher du chewing-gum.

Élodie tenta de parler à Claire : ces habitudes nétaient pas bonnes pour des enfants si jeunes. Savait-elle ce quils regardaient ou avec qui ils discutaient ?

« Maman, tous les enfants sont comme ça maintenant. Les interdire ne ferait quempirer les choses », répondit Claire en haussant les épaules.

Avant leur départ, Élodie essaya à nouveau.

« Cest dur dêtre seule. Venez plus souvent. Les enfants ne me connaissent presque pas. Tant que jai encore de lénergie, pourquoi ne pas les envoyer chez moi pendant les vacances ? »

« Maman, tu veux vraiment tembêter avec ça ? » répliqua Claire.

« Mais ce sont mes petits-enfants ! Quel embêtement ? »

« On verra », dit Claire, mais en un an, elle nenvoya jamais les enfants chez Élodie, et ne vint pas non plus, se contentant dappels téléphoniques.

Alors, Élodie décida dy aller elle-même. Pourquoi pas ? Elle était à la retraite, libre. Les parents travaillaient toute la journée, et Théo et Manon ne mangeaient que des pizzas et des sushis. Quelle nourriture ! Élodie prit les choses en main et se mit à cuisiner. Au début, tout le monde fut ravi des soupes, des crêpes et des tartes, mais bientôt, les enfants recommencèrent à commander des pizzas. Un jour, son gendre la surprit en train de faire la vaisselle à la main et grogna :

« On a un lave-vaisselle, tu nas pas besoin de tépuiser comme ça. »

Claire soupirait et rangeait la vaisselle différemment sur légouttoir. Théo se plaignit que sa grand-mère avait tout chamboulé dans son placard. Élodie tenta de sexpliquer : elle avait juste tout rangé soigneusement.

« Maman, ne ten mêle pas », conseilla Claire.

« Mamie, arrête les gâteaux, jai déjà pris un kilo », supplia Manon.

« Et la pizza, elle ne fait pas grosser ? » rétorqua Élodie.

Bref, elle comprit quelle dérangeait, quelle ne faisait rien comme il fallait, et quil était temps de rentrer. Claire ne la retint pas, et son gendre proposa aussitôt de la conduire à la gare.

Élodie se languissait de son mari. Si seulement Louis était encore là Pourquoi était-il parti si tôt, la laissant seule ? Personne à qui parler. Qui soccuperait delle si, Dieu len préserve, elle tombait malade ?

Autrefois, elle tricotait et brodait, mais maintenant, sa vue baissait, et leffort lui donnait mal à la tête. Que faire dautre à la retraite ? Cuisiner ? Mais pour qui ?

Une amie était morte peu après son mari. Une autre était trop occupée avec ses petits-enfants pour penser à Élodie.

***

Cétait lété indien, les derniers jours de douceur. La journée était ensoleillée, bien que fraîche. Les feuilles dorées crissaient sous les pas. Élodie prit un sac de pain sec et partit se promener dans le parc.

Assise sur un banc libre, elle émietta le pain pour les pigeons. Bientôt, une nuée doiseaux se rassembla devant elle, même des moineaux vinrent se joindre à eux.

Élodie les observa, songeant à son triste sort. La jeunesse passe si vite, la vie est fragile, et voilà que la vieillesse approche. Elle avait espéré vieillir avec Louis, se soutenant lun lautre. Mais il était mort, et sa fille et ses petits-enfants navaient pas besoin delle

« Ils ont tous afflué », dit une voix près delle.

À lautre bout du banc se tenait un homme. Élodie, absorbée dans ses pensées, ne lavait pas vu arriver. Bien soigné, à peu près de son âge, peut-être un peu plus vieux.

« Je vous vois souvent ici », dit-il soudain.

Élodie ne le reconnaissait pas. De toute façon, elle ne faisait jamais attention aux autres lors de ses promenades solitaires.

« Je suis seul aussi. Ma femme est morte il y a huit ans, et je ne my fais toujours pas », soupira-t-il.

*Comme sil avait lu dans mes pensées*, songea Élodie. Elle lexamina. Habillé avec soin, pantalon bien rep

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Tu m’as demandé de ne pas m’en mêler – a dit mon mari avant de partir chez sa mère