Élodie, où trouveras-tu un homme pareil ? Tu auras toujours le temps de divorcer. Une femme mariée a toujours du succès. La responsabilité repose sur le mari, tandis qu’un amant n’a aucune obligation profite de cette idiote qui se prend pour une amoureuse. Si tu restes seule, personne ne voudra de toi. Surtout avec ton fils, Théo. Il a besoin de son vrai père, pas d’un étranger. Ton comportement n’a aucun sens, je tentais sincèrement de raisonner mon amie d’enfance.
Pourtant, je savais que je parlais dans le vide. Élodie avait déjà pris sa décision.
La vie nous place souvent devant un choix. Il y a toujours deux chemins : le bon et tous les autres. Mais qui ouvre les bonnes portes et ferme les mauvaises ? Parfois, même les arguments les plus justes ne sont ni écoutés ni entendus. Nous apprenons de nos erreurs. L’expérience des générations passées ne nous sert à rien. Puis nous pleurons, nous nous rongeons les sangs, nous sombrons dans la dépression.
J’ai deux amies : Élodie et Camille. Nous nous connaissons depuis l’enfance. Élodie, c’est la copine du quartier, Camille, celle du lycée. Nous savons tout l’une de l’autre, comme seules les proches le peuvent.
Nous sommes très différentes, alors je les fréquente séparément. J’ai essayé une fois de les rapprocher, mais hélas Mes amies sont comme deux pôles opposés.
Comment peux-tu parler à cette poupée frivole ? De quoi pouvez-vous bien discuter ? Elle ne pense qu’aux fringues et aux hommes mariés, murmurait Élodie après avoir rencontré Camille.
Ton amie a un décolleté sous le nombril. Une vraie coquette, à ce que je vois. Ses yeux cherchent une proie avec un portefeuille bien garni. Et ce sourire forcé Tout est pour la galerie. Sans parler de sa chirurgie ratée, ricanait Élodie en inspectant Camille.
Cette première rencontre fut aussi la dernière. Notre soirée entre filles fut gâchée. Je n’ai pas retenté l’expérience.
Au fil des années, tout est arrivé : disputes, incompréhensions, réconciliations, mois de silence boudeur et bien plus encore.
Aujourd’hui, nous avons toutes les trois quarante ans. Élodie a un fils, Camille élève une fille.
Élodie a divorcé de son mari, Julien, il y a longtemps. Tout avait pourtant commencé de manière romantique.
Ils s’étaient rencontrés dans un café. À l’époque, Julien était marié et avait une fille. Élodie, sans aucun doute, était une jeune femme charmante et singulière. Les hommes se retournaient souvent sur son passage. Toujours élégante, inoubliable. Elle avait étudié aux Beaux-Arts et se confectionnait des tenues uniques. Ses looks étaient souvent provocants. Élodie rêvait de monter sa propre affaire, d’avoir une famille solide, un mari aimant.
Et tout cela, elle l’a connu. Puis tout s’est envolé comme neige au soleil. Surtout, c’est elle qui y a contribué. Élodie préférait toujours passer au feu jaune plutôt que d’attendre le vert.
Julien, fou d’elle, avait divorcé sans hésiter. Leur mariage fut fastueux. Puis vint la routine. Julien l’adorait. Il avait dix-huit ans de plus qu’elle et la traitait comme une enfant gâtée. Il l’appelait « Ma Souris ». « Ma Souris, tu veux aller à Paris ? Pas de problème ! Une voiture neuve ? Je m’en occupe ! Une machine à coudre dernier cri ? La voilà ! Des lèvres retouchées par un chirurgien ? Je paie ! »
Tous ses caprices étaient exaucés comme par magie. Bien sûr, Julien n’était pas un saint (les saints ne vivent pas sur terre). Il avait ses reproches : pourquoi le dîner n’était pas prêt, l’appartement en désordre, la poussière accumulée, sa chemise pas repassée Élodie le faisait taire d’un baiser passionné. Alors il cuisinait des œufs, passait l’aspirateur, préparait le fer à repasser
Élodie était sa troisième épouse. Sans doute avait-il peur de la perdre, alors il fermait les yeux sur ses négligences.
Elle lui donna un fils, Théo. Julien en était fou. Mais Élodie, elle, ne semblait pas s’éprendre de l’enfant. Elle s’échappait souvent, laissant le petit à son mari ou à sa belle-mère. Avec son physique, les tentations étaient nombreuses. En tant qu’amie proche, j’étais au courant de ses aventures. Julien les devinait, mais se taisait. Elle était bien plus jeune, pensait-il, peut-être manquait-elle d’amour.
Après huit ans de mariage, la crise éclata. On en parle tant, ce n’est pas pour rien. Mais toutes les unions ne survivent pas à cette épreuve.
À ce moment-là, Élodie avait une entreprise florissante. Elle était indépendante financièrement. Alors elle décida qu’elle n’avait plus besoin de Julien. Elle partit, emmenant Théo. Elle loua un appartement, s’installa. Elle me confia :
Je déteste Julien. Il est nul au lit. J’espère qu’une autre le récupérera. Peut-être qu’alors il nous laissera tranquilles, Théo et moi.
Eh bien, comme on dit, la femme est un serpent qui finit toujours par atteindre son but.
Théo devint l’enjeu de leurs disputes. Il aimait ses deux parents autant. Mais sa mère, toujours occupée par son travail, lui manquait. Chez son père, c’était plus calme, surtout avec sa grand-mère attentionnée. Théo quitta Élodie pour Julien.
Elle comprit qu’elle était déchirée entre son fils et son travail, mais refusa de changer. Julien l’appelait sans cesse, la suppliait de revenir, manipulait Théo. Elle resta inflexible :
Les ponts sont coupés. Point final.
Élodie était jeune, belle, et libre. Un homme apparut dans sa vie. Une histoire de bureau. Peu importait qu’il fût marié avec deux enfants. Elle ne s’en souciait pas :
Que sa femme garde mieux son mari. Je m’en servirai, puis je le rendrai. Il n’en mourra pas
Ils partirent en Allemagne, en Grèce Tout était romantique et intense.
Effectivement, six mois plus tard, elle le rendit à sa famille. Julien continuait à l’appeler, la suppliait de revenir. Cela l’énervait. Elle rencontra alors un jeune homme, Matthieu, célibataire et de son âge. L’amour s’installa. Il emménagea chez elle. Tout semblait bien aller, jusqu’à ce qu’elle découvre que Matthieu aimait lever le coude. Et le travail n’était pas son fort :
Élodie, et si je t’aidais dans ton entreprise ?
Elle commença à ouvrir les yeux :
Sophie, je crois que j’ai hébergé un alcoolique parasite.
Vire-le, Élodie ! Il s’accroche comme un morpion à une couverture, lui conseillai-je.
Puis une ancienne camarade de classe l’appela :
Élodie, ça te dérangerait si je me mariais avec Julien ? Je suis si heureuse avec lui !
Je vous souhaite de marcher longtemps main dans la main ! répondit Élodie, imperturbable.
Ainsi, elle se retrouva seule. Théo a maintenant dix-neuf ans. Il ne lui parle plus. Elle tente de l’appeler, mais il raccroche systématiquement. Une fois, il répondit :
C’est la nouvelle femme de papa qui m’a élevé. Occupe-toi de ton entreprise, maman. Ne m’appelle plus.
Camille, elle, eut la sagesse de traverser la crise.
Elle avait rencontré Antoine en vacances, sur la Côte d’Azur. Il était venu avec un ami, bien qu’il fût marié. Je ne comprend







