**Journal dun jour dété**
Ce jour-là, la routine fut brisée. Élodie entra dans la cuisine, les yeux baissés, un bébé dans les bras. Un enfant à la peau foncée, endormi paisiblement, inconscient de la tempête qui allait éclater.
Élodie navait que seize ans, mais elle connaissait déjà le luxe et ce vide immense quaucun manoir ne pouvait combler. Ses parents, de riches hommes daffaires, couraient dune réunion à lautre, voyageant à travers le monde, amassant toujours plus dargent mais jamais de temps pour elle. La maison était vaste, mais glaciale ; les silences pesaient plus lourd que les murs, et laffection était un luxe quon ne lui avait jamais offert.
Son père, attablé avec un café fumant, fronça les sourcils en la voyant.
Quest-ce que cest que ce bébé ? demanda-t-il, comme sil venait de voir un fantôme.
Élodie avala sa salive.
Papa il faut que je te parle. Jai eu un enfant. Cest mon fils.
Lhomme reposa sa tasse brusquement ; le café se répandit sur la table.
Quest-ce que tu as dit ? Et en plus dun homme noir ? Quest-ce qui ta pris, Élodie ? Cache cet enfant ! Nos voisins, nos associés ils ne doivent pas savoir. On le mettra en adoption.
Élodie releva la tête, mêlant peur et colère.
Non ! Cest mon fils et je laime !
Tu laimes ? Et notre réputation ? La voix de son père résonna dans la cuisine. Quest-ce que les gens vont penser ?
À cet instant, sa mère entra. Elle resta figée devant la scène.
Mon Dieu ne me dis pas que
Le père acheva la phrase :
Si. Notre fille a ruiné nos vies.
Dun ton plus froid que le marbre du plan de travail, sa mère prononça son verdict :
Soit tu abandonnes cet enfant soit tu quittes cette maison.
Élodie serra le petit Théo contre elle.
Je ne le laisserai pas. Je ferai tout pour lui.
Son père ne tergiversa
