Il nest plus ton mari depuis longtemps, dit lex-femme en restant dormir.
Il nest plus ton mari depuis longtemps, déclara Nathalie, debout sur le seuil de lappartement, son imperméable trempé. Et tu le sais très bien.
Élodie serra la poignée de la porte si fort que ses jointes blanchirent. Devant elle se tenait une femme quelle navait vue que sur de vieilles photos la première épouse de son mari, Théo.
Quest-ce que tu fais ici ? murmura Élodie.
Théo ne ta rien dit ? Nathalie eut un sourire ironique, essuyant une mèche mouillée. Il avait promis de te prévenir.
Prévenir de quoi ?
Que jarrivais. Jai des problèmes de logement, tous les hôtels sont complets. Théo a proposé que je passe la nuit chez vous.
Élodie sentit le sol se dérober sous ses pieds. Son mari avait effectivement marmonné quelque chose ce matin à propos dune vieille amie, mais elle était pressée, absorbée par son départ au travail.
Je peux entrer ? Nathalie désigna sa valise. Je suis trempée, et la pluie redouble dehors.
Machinalement, Élodie seffaça. Nathalie entra, laissant des traces humides sur le parquet de lentrée.
Théo est là ? demanda-t-elle, retirant son imperméable.
Il est encore au bureau.
Je vois. Et toi, tu dois être Élodie ? Jai beaucoup entendu parler de toi.
Élodie garda le silence, observant lintruse. Nathalie était une belle femme denviron quarante-cinq ans, cheveux courts, yeux gris intelligents. Vêtue simplement mais avec élégance. Rien dune femme en détresse.
Va au salon, proposa Élodie à contrecœur. Tu veux du thé ?
Avec plaisir.
Pendant quÉlodie saffairait dans la cuisine, Nathalie inspectait lappartement. Cétait celui où elle avait vécu avec Théo quinze ans plus tôt. Tout avait changé les murs, les meubles, les photos.
Cest cosy chez vous, remarqua-t-elle quand Élodie revint avec le thé. Théo a toujours su créer une atmosphère chaleureuse.
Cest moi qui lai fait, répliqua sèchement Élodie. Théo ny a pas touché.
Vraiment ? Avant, il adorait décorer. Je me souviens quand nous avions choisi ce lustre. Nathalie leva les yeux. Il ma traînée dans les magasins pendant deux jours.
Élodie suivit son regard. Le lustre était effectivement ancien, clairement pas son choix. Théo avait toujours prétendu quil datait des anciens propriétaires.
Alors, ces problèmes de logement ? demanda Élodie en sasseyant. Paris regorge dhôtels.
Je vends mon appartement. Les acheteurs sont déjà là, et je nai pas trouvé de nouveau chez-moi. Je squatte chez des connaissances.
Pas de famille ? Damis ?
Pas de famille, et les amis tu sais comment cest. On demande pour quelques nuits, puis ça devient gênant.
Nathalie but une gorgée de thé et sourit.
Théo, bien sûr, a tout de suite accepté de maider. Il est tellement attentionné.
*Notre Théo*. Élodie sétrangla légèrement.
*Notre* ?
Je veux dire, il a toujours été comme ça. Même quand nous étions mariés.
Vous avez divorcé il y a quinze ans.
Officiellement, oui. Mais peut-on vraiment couper les liens avec quelquun avec qui on a partagé douze ans de vie ? Nous avons tant de souvenirs en commun.
Élodie reposa sa tasse. Ses mains tremblaient.
Théo ne ma jamais parlé de vos rendez-vous.
Pourquoi laurait-il fait ? Nathalie haussa les épaules. Nous sommes juste amis. Un appel par-ci, une rencontre par-là. Rien de grave.
Vous vous appelez souvent ?
Une fois par mois, peut-être un peu plus. Théo sintéresse à ma vie, moi à la sienne. Nous ne sommes pas ennemis.
Élodie se tut. En huit ans de mariage, Théo navait jamais mentionné ces conversations.
La porte dentrée claqua. Des pas résonnèrent dans le couloir.
Élo, je suis rentré ! lança Théo. Tout va bien ?
Nous sommes au salon ! répondit Nathalie.
Théo apparut dans lencadrement et se figea. Une expression fugace de panique traversa son visage.
Nath Tu es déjà là.
Comme tu vois. Ta femme ma très bien accueillie.
Théo sapprocha et déposa un baiser maladroit sur la joue de Nathalie. Élodie remarqua que sa main sattardait sur son épaule.
Le vol na pas eu de retard ?
Tout sest bien passé. Sauf la pluie. Heureusement, Élodie ma laissée entrer.
Théo regarda sa femme. Élodie restait immobile, les lèvres serrées.
Élo, ça ne te dérange pas que Nath dorme ici ? Je ten ai parlé ce matin
Oui, tu en as parlé. Sans préciser *qui* dormirait ici.
Un silence pesant sinstalla. Nathalie observait la scène avec attention.
Je vais préparer le dîner, annonça Élodie en se dirigeant vers la cuisine.
Debout devant la fenêtre, elle fixait la pluie. Des morceaux de pensées tourbillonnaient dans sa tête. Théo voyait son ex-femme. Il le lui avait caché. Nathalie connaissait lhistoire du lustre. Leur complicité était trop naturelle pour des ex-conjoints.
Élo, je peux entrer ? Théo passa la tête dans lembrasure.
Entre.
Il referma la porte et sapprocha.
Écoute, je sais que cest inattendu. Mais Nath est vraiment dans une situation difficile.
Pourquoi ne mas-tu jamais dit que tu la voyais ?
Théo marqua une pause.
Je ne sais pas. Ça ne me semblait pas important.
Pas important ? Théo, tu fréquentes ton ex-femme en secret, et tu trouves ça normal ?
On sappelle de temps en temps. Rien de sérieux.
Elle a dit que vous vous voyiez.
Théo rougit.
On sest croisés deux fois par hasard. On a pris un café, discuté. Je ne pensais pas que ça te bouleverserait.
Ce nest pas le fait que vous vous voyiez qui me blesse. Cest que tu me laies caché.
Je ne cachais rien. Je ne te raconte pas chaque détail.
Élodie se retourna vers lui.
Un détail ? Ton ex-femme est un détail ?
Élo, ne dramatise pas. Nath est juste une vieille amie.
Une vieille amie ne dort pas dans notre maison.
Elle a vraiment des problèmes. Elle vend son appart, elle na nulle part où aller.
Il y a des centaines dhôtels à Paris.
Tous complets. Cest la saison.
Élodie savait que cétait faux. La veille, elle avait réservé une chambre pour sa sœur sans difficulté.
Théo, dis-moi la vérité. Il y a quelque chose entre vous ?
Quest-ce que tu veux dire ?
Tu le sais très bien.
Théo détourna les yeux.
Non, bien sûr que non. Cest du passé.
Ce nest pas une réponse.
Élo, il ny a rien entre nous. Je taime. Nath, cest terminé.
Il t
