L’Ange nommé André

Un ange nommé André

Élodie était déjà prête quand Laurent entra dans le bureau.

Tu es seule ? demanda-t-il en sapprochant.

Oui.

Je passerai chez toi ce soir. Jai une bonne nouvelle pour toi, murmura Laurent, baissant la voix. Il allait lembrasser quand des pas résonnèrent derrière la porte. Il recula aussitôt et retourna vers lentrée.

À ce soir, dit-il avant de sortir.

Debout près de lascenseur, Élodie espérait encore que Laurent la rejoindrait pour lui révéler sa nouvelle. Avait-il enfin décidé de quitter sa femme ? Et sil restait dormir ? Il fallait préparer le dîner. Si seulement elle avait sorti la viande du congélateur ce matin, elle aurait eu le temps de décongeler. Heureusement, elle avait acheté une bouteille de vin la veille.

Impatiente, Élodie tapota du pied, pressée de rentrer pour tout préparer. Enfin, lascenseur arriva.

À la maison, elle mit la viande au micro-ondes pour la décongeler avant daller se changer, jetant un regard circulaire dans lappartement. Tout était propre.

Au début de leur relation, Laurent sétait plaint que sa femme, bien que trop occupée par les magasins et les salles de sport, ne préparait jamais le dîner. Élodie navait pas oublié. Elle nettoyait soigneusement et cuisinait avant chaque visite. Pourtant, Laurent ne mangeait presque jamais, se contentant de goûter. La plupart des plats finissaient à la poubelle. Il venait deux fois par semaine, après avoir conduit leur fils au club de sport. Ils avaient une heure. Élodie ne pleurait pas, ne se plaignait pas, ne demandait rien. Une maîtresse parfaite.

Sa sœur aînée avait fréquenté un homme marié des années, sans quil ne quitte jamais sa femme. Quand elle avait rompu, il était mort dune crise cardiaque. Élodie sétait alors juré déviter les hommes mariés. Mais comme on dit : « Ne dis jamais jamais. »

Avant Laurent, elle avait eu une relation de quatre ans, mais il ne lavait jamais demandée en mariage. Un jour, elle lavait surpris au café avec une autre femme. Elle avait aussit son sac et mis ses affaires dans lentrée.

Après son départ, elle avait pleuré toute la nuit, regrettant plus tard sa précipitation. Elle avait essayé de rencontrer dautres hommes, mais rien ne collait. Avant, son ex lemmenait au travail ; maintenant, elle perdait du temps dans les transports. Elle avait démissionné pour un poste à deux arrêts de bus de chez elle.

Au nouveau bureau, le directeur adjoint, un bel homme rappelant un peu lacteur Pierre Niney, lavait remarquée. Une collègue lavait avertie : il était marié, avec un fils. Élodie sétait découragée. Elle avait décidé de garder ses distances.

Lors du repas de Noël, elle était partie tôt. Le verglas rendait les rues glissantes. Dans une ruelle sombre, elle avait failli tomber avant quune main ne la rattrape. Cétait Laurent, qui lavait raccompagnée sans insister pour entrer.

Peut-être lavait-il séduite ainsi, ou peut-être était-ce simplement le moment de retomber amoureuse. Depuis, elle trouvait chaque matin des fleurs, du chocolat ou une carte sur son bureau. Qui aurait résisté ?

Un mois plus tard, ils étaient devenus amants. Elle se persuadait que ce nétait que du sexe, mais le cœur a ses raisons.

Il venait deux fois par semaine, une heure seulement. Bientôt, cette relation programmée lavait lassée. Elle allait rompre quand Laurent, devinant son état desprit, avait annoncé vouloir quitter sa femme. Pour preuve, il était resté dormir. Une nuit enivrante. Et Élodie avait cru, parce quelle voulait y croire.

Puis son fils était tombé malade. Laurent ne venait plus. Elle avait résolu de ne plus le revoir, mais quand il avait sonné, elle avait couru ouvrir. Rompre dépassait ses forces.

Il retardait toujours son départ. Une fois, il avait confié que sa femme avait avalé des comprimés quand il avait tenté de partir. Il lavait sauvée in extremis. Rien navait changé.

Ce soir-là, Élodie venait de finir la cuisine quand la sonnette retentit. Elle se regarda dans le miroir, satisfaite, avant douvrir. Il lenlaça aussitôt.

Ça sent bon, dit-il.

Jai fait de la viande. Tu en veux ?

Non, je nai pas le temps. Il lembrassa avec voracité et lentraîna vers le canapé, déjà recouvert dun drap propre. Après, ils se reposèrent côte à côte.

Tu avais une nouvelle à mannoncer. Moi aussi, daccord, rappela Élodie.

Une bonne ? demanda-t-il.

Je ne sais pas. Toi dabord.

Tu sais que Paul prend sa retraite ? fit Laurent. Elle ne répondit pas. Jen ai parlé au directeur, et il accepte que tu le remplaces. Tu auras ton propre service. Tu nes pas contente ?

Si, mentit-elle, incapable de sourire. Elle cacha ses larmes contre son épaule. Elle avait tant espéré

Dommage que tu changes détage, mais ça réduira les ragots. Je peine à me contenir quand je te vois au bureau. Il voulut lembrasser, mais elle se déroba. Et toi, tu voulais dire quoi ?

Tu es sûr de ne rien manger ? demanda-t-elle en se levant.

Non. Oh, lheure ! Je dois récupérer mon fils.

Il partit après un baiser. Élodie rangea la viande et le vin avant déclater en sanglots.

Cette nuit-là, elle fixa le plafond, décidant de terminer cette relation. Elle ne voulait pas que sa femme découvre tout et vienne laffronter. Demain, elle lui dirait

Le lendemain était un samedi. Tant pis. Elle avait jusquà lundi. Elle ne lui avait pas révélé lessentiel, ce qui pourrait peut-être le pousser à agir.

En fin de journée, la pluie cessa. Élodie sortit se promener. Lasse de sa solitude, elle marcha jusquà une épicerie. Elle erra entre les rayons, choisissant du thé et des biscuits. Une file dattente sétait formée à la caisse.

Un garçon posa sur le tapis des pâtes, des concombres, du pain et du beurre.

Tu es seul ? Où est ta mère ? Tu as de largent ? demanda une vieille dame. La caissière le toisa avec méfiance.

Laissez-le tranquille. Cest bien quil aide sa mère, grogna un homme.

Un ado a fui sans payer la semaine dernière, rétorqua la caissière.

Jai de largent, affirma le garçon en fouillant sa poche.

Élodie le regarda et savança.

Ouf, jai failli oublier. Elle déposa ses achats près des siens.

Cest ensemble ? demanda la caissière, soupçonneuse.

Bien sûr. Nest-ce pas, mon chéri ? Elle posa une main sur son épaule.

Tu aurais pu dire que ta mère était là, gronda la caissière en scannant les articles.

Dehors, le garçon la remercia.

Garde le thé et les biscuits, dit-elle. Pourquoi fais-tu les courses seule ? Quel âge as-tu ?

Neuf ans, répondit-il sans ciller. Elle douta il en paraissait sept à peine.

Tu habites près dici ? Je te raccompagne, il est tard. Ta mère te laisse sortir seul ?

Elle ne peut plus marcher

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L’Ange nommé André
L’AMANTE : Passion et Secrets au Cœur de l’Amour Français