– Tu n’as pas honte de demander à mon fils ? – s’exclama ma belle-mère en entendant parler de nourriture

Tu nas pas honte de demander à mon fils ? sécria la belle-mère en entendant parler de nourriture.

Élodie, tu as acheté cette crème ? demanda Camille en examinant le pot sur létagère de la salle de bains. Cest cher, non ?

Non, cest Alexandre qui la rapportée, répondit la belle-fille en essuyant ses mains avec une serviette. Il dit que ça aide contre les rides.

Camille reposa le pot et pinça les lèvres. Son fils dépense des euros pour des futilités, mais manque de lessentiel. Ce matin encore, il avait appelé pour sexcuser de retarder les courses jusquà demain.

Et pour le déjeuner, on fait quoi ? demanda-t-elle à Élodie. Il ny a que des pommes de terre et des carottes dans le frigo.

Élodie haussa les épaules.

Je ne sais pas. Peut-être une soupe ?

Avec quoi ? Pas de viande, pas de poulet. Juste des légumes.

Alors on fera une soupe aux légumes, dit Élodie en ouvrant le frigo. Il reste des oignons et du chou. Ça fera laffaire.

Camille secoua la tête. De son temps, les femmes géraient mieux leur foyer. On prévoyait toujours à lavance.

Et pour Lou, on fait quoi ? demanda-t-elle, parlant de sa petite-fille de quatre ans. Elle ne mangera pas que de la soupe.

Je ferai des pâtes ou de la semoule, répondit Élodie en sortant un paquet de pâtes du placard. Les enfants adorent ça.

Il reste du beurre au moins ?

Élodie ouvrit le frigo et vérifia la boîte.

Juste un peu. Cinquante grammes, pas plus.

Camille soupira. Ils vivaient au jour le jour, tandis que son fils achetait des crèmes inutiles. Les priorités de la jeunesse étaient mal placées.

Écoute, Élodie, dit-elle en sasseyant sur une chaise, tu pourrais aller au marché ? Juste pour du pain et du lait pour Lou.

Avec quoi ? demanda Élodie en se retournant. Je nai pas un sou.

Comment ça ? Tu travailles pourtant.

Oui, mais je serai payée demain. Là, mon porte-monnaie est vide.

Camille se leva et fit les cent pas dans la cuisine. La situation devenait tendue. Alexandre tardait, Élodie navait rien, et il fallait nourrir la famille.

Ma pension est partie dans les médicaments, murmura-t-elle. Ma tension était trop élevée, jai dû acheter des pilules chères.

Alors attendons demain, proposa Élodie. On tiendra un jour de plus.

Et Lou, elle mangera quoi ? sindigna Camille. Tu veux affamer un enfant ?

Élodie resta immobile, une louche à la main.

Quest-ce que vous proposez ? Quon fasse cuire de lair ?

Je ne sais pas ! Réfléchis. Tu es sa mère !

Des pas résonnèrent, et Lou apparut en pyjama à petits oursons.

Mamie, on mange bientôt ? demanda-t-elle en frottant ses yeux.

Bientôt, ma chérie, dit Camille en la prenant dans ses bras. Maman prépare le repas.

Élodie se mit à éplucher les pommes de terre, petites et pleines de germes.

Maman, je peux avoir un biscuit ? demanda Lou en ouvrant le placard.

Il ne reste que des miettes, dit Élodie. On mangera après la soupe.

Cest quoi, la soupe ?

Aux pommes de terre.

Lou fit la grimace.

Je ne veux pas ça. Je veux de la viande, comme chez tante Sophie.

Camille soupira lourdement. Sa petite-fille avait raison : les enfants ont besoin de vrai repas, pas des restes.

Élodie posa la casserole sur le feu, les mains tremblant de fatigue.

Élodie, dit doucement Camille, tu pourrais appeler quelquun ? Une amie, ou tes parents ?

Pourquoi ?

Pour demander un peu dargent. Pour les courses.

Élodie se tourna brusquement.

Non. Ils ont leurs propres soucis.

Mais les gens comprennent dans ces moments-là.

Je ne fais pas la mendiante, répondit Élodie froidement.

Et tes parents ? Ils pourraient aider.

Maman est à lhôpital, papa est avec elle. Les frais sont lourds.

Camille regarda la casserole deau bouillante avec des morceaux de pommes de terre. Rien dappétissant.

Écoute, dit-elle fermement, jappelle Alexandre. Je lui demande de rapporter quelque chose.

Il a dit quil ne pouvait pas aujourdhui.

On essaie quand même.

Camille composa le numéro de son fils.

Alex ? Cest moi Oui, tout va bien Tu es sûr que tu ne peux pas passer ? On na presque rien à manger Comment ça, tu nas pas dargent ? Où est-il passé ? Daccord Demain, alors ? Bon, on tattend.

Elle raccrocha et regarda Élodie.

Il dit quil viendra demain matin. Il a des problèmes dargent en ce moment.

Alors on se débrouille avec ce quon a, dit Élodie en remuant la soupe.

Lou avait attrapé la boîte à biscuits vide et léchait les miettes au fond.

Maman, je peux les manger ?

Bien sûr, ma puce.

Camille sentit son cœur se serrer en la regardant.

Élodie, essaie vraiment dappeler quelquun, insista-t-elle. Ne serait-ce que pour Lou.

Combien de fois dois-je répéter ? Non !

Pourquoi ? Trop fière ?

Non, juste honnête. Je ne vis pas aux crochets des autres.

Cest pas aux crochets ! Ce sont des amies !

Elles ne roulent pas sur lor non plus.

Camille se remit à marcher. La situation était critique.

Et la voisine ? suggéra-t-elle. Madame Lefèvre est toujours prête à aider.

Non.

Pourquoi ?

Parce que cest gênant. On nest pas proches.

Mais elle est gentille.

Élodie ne répondit pas, continuant à remuer la soupe claire.

Maman, papa rentre quand ? demanda Lou. Il a promis de la glace.

Demain, ma chérie.

Pas aujourdhui ?

Non.

Lou bou

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