**Journal intime 15 novembre**
Ce matin, au salon de coiffure, jai demandé à Amélie : « Dis-moi franchement, est-ce que cette coupe me va vraiment ? » Jai ajusté ma frange devant le miroir, un peu anxieuse.
« Mais non, tu es magnifique ! » a-t-elle répondu, mais son ton était étrangement faux. « Ça te rajeunit tellement. »
Jai payé la coiffeuse. Dans le reflet, mon visage de quarante ans apparaissait effectivement plus jeune. Pourtant, ça ne ma pas rendue heureuse.
« On va prendre un café ? » a proposé Amélie en sortant. « Il y a un nouvel endroit juste à côté. »
« Daccord », ai-je accepté. « Mais vite, je dois préparer le dîner. »
Assises près de la fenêtre, Amélie a commandé un cappuccino avec une pâtisserie, moi, un simple thé.
« Et Matthieu, il a réagi comment à ta nouvelle coupe ? » a-t-elle demandé en remuant son café.
« Je ne sais pas », ai-je haussé les épaules. « Il remarque rarement ce que je fais. Hier, jai enfilé une nouvelle robe, il na même pas regardé. »
« Vraiment ? » sest étonnée Amélie. « Pourtant, je pensais que tout allait bien entre vous. »
« Comment dire On vit comme des colocataires. Lui au bureau du matin au soir, moi à la maison. Le week-end, il part pêcher ou regarde le foot avec ses amis. Moi, je fais le ménage ou je vais chez ma mère. »
« Amélie, quand êtes-vous sortis ensemble pour la dernière fois ? Théâtre, cinéma, juste une balade ? »
Jai essayé de me souvenir, mais rien ne me venait.
« Franchement, je ne me rappelle plus. Peut-être il y a trois mois, pour lanniversaire de Sophie. Et encore, on était chacun dans notre coin. »
Amélie a secoué la tête, compatissante.
« Ma pauvre. Avant, il te courait après, comme un chat amoureux. Tu te souviens, à la fac ? Fleurs tous les jours, poèmes »
« Cétait il y a vingt ans », ai-je souri tristement. « Les gens changent. »
« Pas tous », a-t-elle rétorqué. « Mon Pierre est toujours romantique. La semaine dernière, il ma acheté des billets pour la Philharmonie. Il a dit quil avait besoin de culture. »
Jai observé Amélie. Elle rayonnait, les yeux brillants. Pourtant, nous avions le même âge.
« Tu as de la chance avec ton mari. »
« La chance na rien à voir », a-t-elle coupé son gâteau. « Il faut savoir se mettre en valeur, ne pas se laisser aller. Et excuse-moi de te le dire, mais tu tes complètement négligée. »
« Comment ça ? »
« Regarde-toi honnêtement. Robes de chambre, pulls informes, pas de maquillage. Quand es-tu allée à la salle de sport pour la dernière fois ? »
Mon visage a brûlé. Oui, javais pris dix kilos. Oui, je ne prenais plus soin de moi comme avant. Mais entre la maison, le travail
« Je ne suis pas mannequin, Amélie. »
« Ce nest pas une question de mannequin. Un homme doit voir une femme à ses côtés, pas une bonne à tout faire. Réfléchis : peut-être que Matthieu sest éloigné parce quil ne voit plus en toi quune enfin, tu comprends. »
Elle na pas fini sa phrase, mais jai saisi. Pas une épouse, mais une domestique.
« Ne ten fais pas », a-t-elle tapoté ma main. « Tout peut sarranger. Reprends-toi, remets-toi en forme. Tu verras, il te regardera autrement. »
Jai hoché la tête, le cœur serré. Jétais donc responsable de léchec de notre mariage ?
En rentrant, je me suis acheté du rouge à lèvres et du mascara. Jai enfilé ma meilleure robe.
Matthieu est arrivé vers huit heures. Il a vu la table dressée, mon maquillage, et a semblé surpris.
« On a des invités ? » a-t-il demandé en se lavant les mains.
« Non, juste comme ça. Javais envie dun dîner agréable. »
« Daccord », a-t-il répondu en commençant à manger. « Cest une nouvelle coupe ? »
« Oui, aujourdhui. Ça te plaît ? »
Il ma regardée, lair indifférent.
« Ça va. Plus court. »
Cest tout. Pas un compliment.
« Matthieu, si on sortait ce week-end ? Ça fait longtemps. »
« Je ne peux pas. Jai promis à Pierre de laider à construire son sauna







