**Journal intime 15 octobre**
Chaque matin, à la même heure précise, je trouve un pain frais emballé dans du cellophane sur le perron de ma maison en banlieue parisienne. Une étiquette brillante arbore le nom dune boulangerie inconnue, un nom qui sonne étranger, presque inquiétant.
La première fois, jai cru à un geste des voisinspeut-être avaient-ils remarqué ma solitude et voulu maider. Jai été touché, mais je nai pas osé y toucher. Les cadeaux gratuits cachent souvent quelque chose.
Le lendemain, même scénario : le même pain, le même emballage, la même place. Jai imaginé une nouvelle initiative sociale pour les retraités. Pourtant, personne nen parlait autour de moi. Aucun avis, aucune explication.
Au troisième jour, langoisse ma gagné. Lheure immuable, lorigine mystérieuse Jai pris le pain et suis allé à la boulangerie du quartier. La vendeuse, une femme sévère, ma regardé comme si jétais fou.
*Mais non, monsieur Dupont, on ne livre pas le pain comme ça ! On le vend, point.*
Je suis rentré encore plus troublé. Et si ce pain était empoisonné ? Si quelquun voulait me nuire ?
Le quatrième matin, jai sorti ma vieille caméra, celle des fêtes de famille, et lai braquée sur le perron. En visionnant lenregistrement, mon cœur a failli lâcher : un drone silencieux sapprochait à laube, déposait le pain avec une précision glaçante, puis disparaissait.
Tremblant, je me suis rendu au commissariat. Les policiers ont échangé un regard amusé.
*Vous êtes tombé dans une expérience, monsieur.*
Un start-up testait une livraison automatisée de pain. Mon adresse avait été enregistrée par erreur lorsque, cherchant la météo sur mon téléphone, javais cliqué sur une pub sans le vouloir. Un abonnement dun mois, activé dun simple geste.
Ils mont remboursé, mais lamertume reste. Quant au pain je ny ai pas touché. Il y a quelque chose de sinistre dans ces baguettes trop parfaites.







