Un fils a amené un psychiatre à la maison pour me faire déclarer incompétente, mais il ignorait que ce médecin était mon ex-mari et son propre père.

**Journal dun Homme**

*10 octobre 2023*

Mon fils est arrivé avec un psychiatre pour me faire déclarer inapte, ignorant que ce médecin était mon ex-mari et son propre père.

« Maman, ouvre. Cest moi. Je ne suis pas seul. »

La voix de Théo derrière la porte était inhabituellement froide, presque officielle. Jai posé mon livre et me suis dirigé vers lentrée, ajustant mes cheveux en chemin. Une angoisse sourde sétait déjà installée dans mon plexus solaire.

Sur le seuil, mon fils se tenait droit, un homme grand et austère dans un manteau sobre derrière lui. Linconnu serrait une mallette en cuir et mobservait dun regard calme, évaluateur. Le genre de regard réservé aux objets que lon compte acheter ou jeter.

« On peut entrer ? » demanda Théo, sans même esquisser un sourire.

Il est entré comme sil était déjà chez lui, ce quil devait certainement penser. Létranger la suivi.

« Je te présente le Docteur Laurent Dubois », lança mon fils en retirant sa veste. « Un psychiatre. On va juste discuter. Je minquiète pour toi. »

Le mot *inquiète* résonna comme une sentence. Jai fixé ce *Laurent Dubois*. Des cheveux gris aux tempes, des lèvres minces, des yeux fatigués derrière des lunettes élégantes. Et quelque chose de terriblement familier dans sa façon de pencher légèrement la tête en métudiant.

Mon cœur a fait un bond puis sest écrasé.

Laurent.

Quarante ans avaient effacé ses traits, estompé par le temps et une vie qui métait étrangère. Mais cétait bien lui.

Lhomme que javais autrefois aimé jusquà la folie et chassé avec la même fureur. Le père de Théo, qui navait jamais su quil avait un fils.

« Bonjour, Madame Lefèvre », dit-il dune voix posée, professionnelle. Aucun muscle ne tressaillit sur son visage. Il ne mavait pas reconnue. Ou feignait de ne pas me reconnaître.

Jai hoché la tête, sentant mes jambes se dérober. Le monde se réduisait à son visage impassible.

Mon fils avait amené un homme pour menfermer et récupérer lappartement. Et cet homme était son propre père.

« Passons au salon », dis-je dune voix étonnamment calme. Je ne me reconnaissais pas moi-même.

Théo exposa la situation pendant que le *docteur* inspectait la pièce. Il parlait de mon « attachement excessif aux objets », de mon « refus de la réalité », de la difficulté de vivre seule dans un si grand appartement.

« Avec Claire, on veut taider », expliqua-t-il. « On te trouvera un studio cosy près de chez nous. Tu seras accompagnée. Et avec le reste de largent, tu pourras vivre sans te priver. »

Il parlait de moi comme si je nétais pas là. Comme dune vieille commode à reléguer au grenier.

Laurent ou plutôt le Docteur Dubois écoutait, hochant parfois la tête. Puis il sadressa à moi.

« Madame Lefèvre, parlez-vous souvent à votre défunt mari ? » Sa question me frappa comme un coup de poignard.

Théo baissa les yeux. Cétait donc lui qui avait raconté. Mon habitude de murmurer devant la photo de son père était devenue un *symptôme*.

Je passai du regard effrayé de mon fils au visage impénétrable de son père. Une froide colère remplaça le choc.

Ils mobservaient, attendant ma réponse. Lun avec une impatience avide, lautre avec une curiosité clinique.

Ils voulaient jouer ? Très bien.

« Oui », répondis-je, fixant Laurent droit dans les yeux. « Je lui parle. Parfois, il me répond. Surtout quand on évoque les trahisons. »

Aucun tic sur son visage. Il nota simplement quelque chose dans son carnet.

Ce geste en disait plus que des mots. *Patient agressif. Projection de culpabilité.* Je pouvais presque lire la ligne écrite de sa main soignée.

« Maman, pourquoi tu dis ça ? » sénerva Théo. « Le Docteur Dubois veut taider. Tu ne fais que tenfermer. »

« Maider à quoi, mon fils ? À libérer de lespace pour toi ? »

Je le regardai, partagé entre une rage brûlante et lenvie de le secouer, de hurler : *Regarde qui tu as amené !* Mais je me tus. Dévoiler mes cartes maintenant, cétait perdre.

« Cest faux », rougit-il, et cette rougeur honteuse était la preuve quil restait en lui quelque chose dhumain. « Avec Claire, on sinquiète. Tu es seule. Enfermée avec tes souvenirs. »

Laurent leva une main, larrêtant doucement.

« Théo, laissez-moi. Madame Lefèvre, quentendez-vous par *trahison* ? Parlons-en. »

Il me dévisageait avec ce même regard analytique. Jai décidé daller jusquau bout. De le tester.

« Il y a plusieurs trahisons, Docteur. Parfois, quelquun part chercher du pain et ne revient jamais. Et parfois il revient des années plus tard pour vous prendre ce quil vous reste. »

Jai guetté sa réaction. Rien. Seul un intérêt professionnel.

Soit il maîtrisait un sang-froid dacier, soit il ne se souvenait vraiment pas. La seconde option était encore plus terrifiante.

« Métaphore intéressante », conclut-il. « Vous percevez donc laide de votre fils comme une menace ? Depuis quand ? »

Il menait linterrogatoire. Méthodiquement. Chaque mot, chaque geste serait interprété pour servir son diagnostic.

« Théo », dis-je, ignorant le psychiatre. « Raccompagne le Docteur. Nous devons parler seul à seul. »

« Non », coupa-t-il. « On discute ensemble. Je ne veux pas que tu manipules après. Le Docteur Dubois est un expert neutre. »

*Expert neutre.* Mon ex-mari, qui navait jamais payé de pension. Le père que Théo navait jamais connu. Lironie était si cruelle que jaurais pu éclater de rire. Mais je me retins. Le rire serait aussi un symptôme.

« Daccord », cédai-je soudain. Je sentais quelque chose en moi se glacer, durcir, devenir une lame tranchante. « Si vous voulez maider expliquez-moi votre proposition. »

Théo se détendit, réjoui par ma soumission soudaine.

Il détailla avec enthousiasme les avantages dun studio en périphérie. Le gardien. Les *petites mamies comme toi* sur les bancs.

Je lécoutais et regardais Laurent. Et jai compris.

Il ne mavait pas simplement oubliée. Il me regardait avec la même condescendance quautrefois : pour mes livres de poche, mes tissus simples, ma sentimentalité *provinciale*.

Il avait fui cela il y a quarante ans. Et maintenant, le destin le ramenait pour prononcer lultime sentence. Me déclarer *folle* et me faire disparaître.

« Je réfléchirai », dis-je en me levant. « Maintenant, laissez-moi. Jai besoin de repos. »

Théo rayonnait. Il avait gagné. Javais *accepté de réfléchir*.

« Bien sûr, maman. Repose-toi. Je tappelle demain. »

Ils sont partis. Laurent me jeta un dernier regard, chargé uniquement de satisfaction professionnelle.

Jai verrouillé la porte derrière eux. Observé depuis la fenêtre leur départ. Théo parl

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