Ah, tu vas voir cette histoire, mon ami Je suis un vrai salaud, je ladmets. Je me repens, mais ça recommence sans cesse.
Amélie, je ten supplie, abandonne lidée de ce bébé ! On a du mal à joindre les deux bouts. Louis ne te suffit pas ? Il faut déjà soccuper de lui. Réfléchis, je ten prie. En tant que mari, je suis catégoriquement contre un deuxième enfant ! Tu dois écouter mon avis, la colère métouffait.
Théo, ne tinquiète pas. On sen sortira. Mes parents nous aideront. Tu le sais, je veux tellement une fille. Ce serait merveilleux pour Louis davoir une sœur. Plus tard, ils resteront proches, leurs familles aussi, Amélie tenait bon.
On sest rencontrés à luniversité, Amélie et moi. Elle ma tout de suite attiré par son sérieux, sa sagesse, cette manière dêtre une épouse idéale. Elle avait une voix douce, apaisante, et une magnifique chevelure rousse. Physiquement, cétait tout rondelette, taches de rousseur, pas très grande. Mais son caractère ? Un cœur en or.
Quand je lai vue, je me suis dit : « Celle-ci sera ma femme. » Et puis, jai croisé Claire, une étudiante mariée dune autre promo. Là, jai pensé : « Celle-là sera ma maîtresse. » Je raisonnais comme un héros de Dumas, rêvant dune épouse dévouée à la maison et dune amante pour le plaisir.
Bon, ça na pas marché. Comme pour ce pauvre héros
Claire est devenue une amie proche dAmélie, presque une alliée de notre famille.
Mais ça ne ma pas empêché de vouloir une maîtresse. Alors, jen ai trouvé une. Marion ne me faisait pas de scènes, ne réclamait pas le mariage, ne me pourrissait pas la vie. Elle se donnait avec plaisir. On était bien comme ça.
Et puis, au moment où je me sentais enfin un vrai homme, Amélie ma annoncé sa grossesse.
Elle a accouché dune petite Chloé. Claire, qui aurait pu être ma maîtresse, est devenue sa marraine.
Jétais fou de cette petite. Amélie ne sy attendait pas, moi non plus.
Marion, elle, a détesté Chloé à distance. Quand je la voyais, je lui racontais à quel point ma fille était vive, jolie, souriante. Ça a fini par lagacer. Nos rencontres se sont espacées, puis arrêtées. Je lai laissée partir sans regret. Tout mon monde tournait autour de Chloé. Louis, lui, est resté un peu en retrait. Je ne lui ai pas donné autant damour.
Peut-être à cause de ça, à dix-neuf ans, il est tombé amoureux de Pauline, une fille de sept ans son aînée. Elle sest installée chez nous comme si elle y avait toujours vécu. Dynamique, efficace, elle nous organisait tout. On ne protestait pas. Petit-déjeuner, déjeuner, dîner elle sen occupait. Elle adorait cuisiner. Louis était content au début. Les attentions, les câlins Mais ça ressemblait plus à une maman quà une copine. Pauline lappelait « Mon petit canard. » Ça lénervait. En retour, il la surnommée « Ma cane. » Elle riait, lembrassait sur le nez. Finalement, ils ont rompu. Mais Louis a appris comment ça marche, une relation.
Quand il a présenté Élodie, jai été soufflé. Elle ressemblait à une actrice, sublime, mince, douce, timide. Jen suis tombé un peu amoureux. Je faisais tout pour lui plaire : bonbons, gâteaux, glaces. Élodie, elle, ne touchait pas aux tâches ménagères. Avec sa beauté, pourquoi se salir les mains ? Un regard, et Louis lui préparait tout. Moi aussi, jaurais bien voulu Elle mavait ensorcelé.
Amélie a remarqué mon intérêt et a manœuvré via Louis.
Louis, cest sérieux avec Élodie, ou cest juste pour samuser ? a-t-elle demandé, comme ça.
Pourquoi ? il a fait semblant de ne pas comprendre.
Parce quil faut se décider. Qui est-elle pour toi ? Une coloc ? Je ne comprends pas ses parents. Leur fille traîne avec nimporte qui, et ils ne disent rien ? Amélie insistait.
Maman, Élodie na pas de père, juste sa mère. Elle habite en banlieue. On ne va pas faire des allers-retours pour chaque petit ami, Louis la défendait.
Je men doutais, une fille de famille monoparentale. Alors écoute : soit tu lépouses, soit Amélie voulait me protéger de la tentation.
Daccord, maman, Louis a haussé les épaules. Il ne comprenait pas sa sévérité.
Une semaine plus tard, Louis et Élodie ont pris un appartement et sont partis.
Comme ça, tu seras moins tenté, mon chéri, Amélie a souri en me menaçant du doigt.
Trois mois après, Louis est revenu. Sans Élodie.
Alors ? Vous vivez séparés avant le mariage ? jai plaisanté.
Ouais. Sauf que chacun se mariera de son côté, il a ri.
Ne ten fais pas, mon fils. Une beauté comme elle na pas besoin de mariage : elle souffrirait, et son mari aussi. Les hommes se retourneront toujours sur elle, Amélie ma jeté un regard accusateur.
Cest bon, tout va bien, Louis a répondu évasivement.
Peu avant Noël, une femme inconnue a sonné.
Bonjour, les beaux-parents ! Vous ne mattendiez pas ? Je suis la mère dÉlodie. Où est votre fils ? Je veux lui parler et quil assume ses responsabilités, elle sentait lalcool. Noël approchait
Je regarde Amélie. « Tu voulais rencontrer ses parents ? Les voilà. »
Entrez, madame. Pouvez-vous préciser le but de votre visite ? Amélie sest raidie.
Cest simple : votre fils doit épouser ma fille. Elle nélèvera pas un enfant sans père ! Compris ? elle a frappé le chambranle.
On est restés sidérés.
Écoutez, Louis nest pas là. On va régler ça et en parler à Élodie. Au revoir, Amélie la poussée vers la sortie.
Quest-ce quon fait, Théo ? Appelle Louis, elle sest affalée sur une chaise.
Louis est sorti de sa chambre, casque sur les oreilles.
Fiston, comment on va appeler ton enfant ? Amélie a commencé doucement.
Quoi ? Tu plaisantes ? il était sincèrement surpris.
Jaimerais, mais non. Élodie attend un bébé. Sa mère, un peu ivre, est venue. Quest-ce que tu comptes faire ?
Louis est devenu rouge, sest gratté la tête.
Je ne sais pas. Je vais voir. Je ne lai pas vue depuis six mois.
On était aussi perdus que lui.
Louis a ramené Élodie, enceinte. Plus belle que jamais.
Maman, on va rester dans ma chambre. Élodie a besoin de repos. Chez elle, sa mère est toujours ivre. Elle est ravie. Elle va être grand-mère. Tout le village en parle.
Chloé a jailli du salon. Elle avait tout entendu.
Oh, quest-ce qui se passe ? Élodie a un gros ventre. Il va y avoir du nouveau







