Lisa, on ne prendra pas beaucoup. Prépare-nous ton fameux gâteau et quelques pots de confiture, pour la route,» dit Gleb avec un sourire nonchalant.

Élodie, on ne prendra pas beaucoup. Prépare-nous ton fameux clafoutis et quelques pots de confiture pour la route, dit Théo en sétirant paresseusement, un sourire aux lèvres.

Élodie le regarda, incrédule devant tant de culot. Comment osait-il demander ça sans vergogne ?

Dans sa tête, elle revoyait tous ses efforts pour que ce clafoutis soit parfait, les heures passées à préparer la maison pour leur arrivée.

Et maintenant, Théo, qui navait pas levé le petit doigt de la semaine, se prélassait à lombre en réclamant des provisions « à emporter ».

Elle jeta un regard à Mathieu, qui semblait ignorer le comportement de son frère.

Théo, tu ne trouves pas que tu en demandes un peu trop ? demanda Élodie, sefforçant de rester calme.

Allons, Élo ! rétorqua-t-il sans même se retourner. On est de la famille, non ? Faut partager. Et toi, tu as tout ça en abondance !

Élodie sentit une vague de dégoût mêlée de colère monter en elle.

Cette petite maison près du lac, achetée trois ans plus tôt, était devenue leur havre de paix à elle et Mathieu.

Lété, ils ne chômaient pas : lever à laube, désherbage, cueillette des fruits, soin des poules, conserves pour lhiver. La moindre aide valait son poids dor.

Et cest pour ça que la demande de Théo sonnait comme une insulte. Il ne voyait pas ou ne voulait pas voir tout ce travail.

Pour lui, cette maison nétait quune résidence secondaire gratuite, et Élodie avec Mathieu, du personnel

Tout avait commencé trois semaines plus tôt, quand Théo avait appelé pour proposer de « passer, donner un coup de main, et profiter de la campagne ».

Ces mots étaient tombés comme un cheveu dans la soupe. Théo et sa femme Clara étaient des citadins pur jus : soirées, bars, ciné, shopping le week-end.

Donner un coup de main ? avait répété Élodie, sceptique.

Mais Théo, enthousiaste, avait enchaîné :

Mais oui ! On est famille ! Ça vous soulagera, et lair pur nous fera du bien. Je rêve de cueillir des framboises, de faire chauffer le hammam

Élodie, après avoir raccroché, était restée longtemps sur la terrasse, tripotant distraitement son tablier.

Elle connaissait Théo il adorait promettre, mais tenait rarement parole. Au fond, elle doutait, mais Mathieu, en apprenant la nouvelle, sétait emballé :

Peut-être quils ramasseront quelques fruits. Et qui sait, mon frère maidera peut-être avec la clôture.

Les jours suivants, Élodie sétait affairée comme si elle attendait le président lui-même.

Elle avait lavé et repassé les draps, préparé des serviettes propres. Elle était allée en ville faire des courses : poisson frais, viande pour le barbecue, fruits, douceurs rien nétait trop bon pour la famille.

Ça ira peut-être, se murmurait Élodie en suspendant les serviettes. Sils donnent ne serait-ce quun coup de main, ce sera déjà ça.

Quand Théo et Clara étaient enfin arrivés, Élodie les avait accueillis avec un sourire, dissimulant ses doutes.

Ils avaient lair détendus, comme sils revenaient de vacances.

Nous voilà ! avait lancé Théo, les bras grands ouverts.

Élodie avait forcé un sourire et les avait invités à table. Sur la terrasse, les attendaient des salades, des tartes chaudes et de la limonade maison.

La première demi-heure avait été joyeuse, pleine de nouvelles échangées, puis Mathieu avait évoqué prudemment le programme des prochains jours.

Demain, on commencera par la tonte, ensuite les framboises. Il y a du travail, mais à plusieurs, ça ira plus vite.

Bien sûr, bien sûr, avait approuvé Clara, mais dans ses yeux, Élodie avait vu une lueur de surprise, comme si le mot « tonte » venait dune autre planète.

Élodie avait senti son cœur se serrer : quelque chose lui disait que cette « aide » allait être invisible.

La première journée sétait passée comme une fête. Élodie essayait de ne pas penser à lherbe haute, aux fraises envahies par les mauvaises herbes, aux seaux de pommes qui attendaient dans le cellier.

Théo était en forme : il racontait des blagues, croquait des noisettes, se vantait dêtre « fatigué de la ville » et « si heureux de se mettre au vert ».

Clara, dans une nouvelle robe, posait devant le coucher de soleil et le lac, prenant des dizaines de photos.

Mathieu souriait content que son frère soit enfin là, espérant que le travail avancerait plus vite.

Mais dès le lendemain, lambiance avait changé.

Élodie sétait réveillée à laube au chant du coq, avait enfilé ses bottes en caoutchouc et était sortie. La rosée scintillait sur lherbe, lair sentait le foin frais. Les poules sagitaient, réclamant à manger.

Élodie avait attrapé le seau de grains quand son regard avait glissé vers la fenêtre de la chambre damis : silence, rideaux tirés.

À huit heures, elle avait déjà nourri les poules, ramassé un seau de courgettes et rempli les arrosoirs.

Mathieu était sorti avec une tasse de café et avait annoncé :

Théo et Clara sont partis en ville. Une urgence, paraît-il.

Élodie avait hoché la tête, le cœur serré. Elle espérait quils les rejoindraient après le petit-déjeuner.

Ils nétaient revenus quen fin de journée, rayonnants. Théo déchargeait des sacs de chips, de soda et de bière, comme sil avait accompli un exploit.

Élodie, cest un vrai spa, chez toi ! avait-il lancé en saffalant dans un fauteuil. Tout se fait tout seul !

Le surlendemain, lirritation dÉlodie avait monté dun cran. Elle tondait seule, portait des seaux lourds, faisait le ménage, préparait les repas.

Théo, dans son hamac, scrollait sur son téléphone en se plaignant dun mal de tête.

Je crois que jai pris froid. Je vais me reposer aujourdhui.

Clara sétait installée sur une serviette au bord de leau, prenant des selfies. Sur ses réseaux, les hashtags fleurissaient : #DétenteCampagne #LaVieEstBelle #Nature.

Chaque jour, Élodie sépuisait un peu plus. Lever à cinq heures, coucher après minuit, à faire la vaisselle et le ménage après les « invités ».

Ces invités ne proposaient même pas daider ils pensaient sincèrement que leur présence était un cadeau.

On est venus en visite, sétait étonnée Clara quand Élodie lui avait demandé de laide pour la vaisselle. Les invités ne sont pas là pour travailler, non ?

À partir de ce moment, le sourire dÉlodie avait figé, et chaque demande des invités était devenue une épreuve.

Intérieurement, la rupture approchait : lhospitalité avait ses limites.

Le cinquième jour, elle navait plus pu se taire. Lexaspération accumulée depuis leur arrivée avait atteint son paroxysme.

Elle avait passé la journée à désherber, arroser, sous les éclats de rire venant de la terrasse, où Clara, étendue dans un transat, discutait avec ses amies au téléphone.

Quand Mathieu

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Lisa, on ne prendra pas beaucoup. Prépare-nous ton fameux gâteau et quelques pots de confiture, pour la route,» dit Gleb avec un sourire nonchalant.
– Tout ça est à moi et toi, tu n’es personne ici ! – déclara la fille en exigeant qu’on libère la chambre