Pourquoi devrais-je vous céder mon appartement à Paris ?

Pourquoi devrais-je vous donner mon appartement ?

Aujourdhui, Hélène Dubois fêtait son anniversaire. Dès le matin, elle saffairait dans la cuisine, tentant de tout préparer à temps. Ce nétait pas une mince affaire ! Cuisiner pour tant de monde, et tant de plats Elle avait planifié le menu à lavance, passé des semaines à acheter les meilleurs produits, parcouru les marchés pour des légumes bio, du fromage fermier, de la viande fraîche et du poisson. Dans les supermarchés, la qualité nétait plus ce quelle était. Elle rêvait de réunir toute sa famille autour de la table, de régaler ses enfants et sa petite-fille. Et surtout, de préparer elle-même le gâteau, un incontournable « Opéra », comme elle le faisait pour les anniversaires de sa fille Aurélie et de son fils Théo.

Hélène se remémorait avec nostalgie le passé, quand ils vivaient tous ensemble dans cet appartement. Son mari, le professeur de physique Laurent Morel, ses enfants Aurélie et Théo, presque du même âge, et elle, enseignante de musique. Grâce à ses mérites scientifiques et ses relations influentes, Laurent avait obtenu ce vaste appartement de quatre pièces, quHélène avait meublé avec élégance et goût. Elle avait déniché à force de patience comme on disait à lépoque un lustre en cristal pour le salon, une bibliothèque en acajou, un service en porcelaine allemande, sans oublier les nappes en lin immaculé, les serviettes brodées et largenterie ancienne. Elle se souvenait de sa joie lorsquelle avait enfin trouvé une soupière en porcelaine pour servir dignement son potage. Parfois, ses amies lui disaient que leur maison ressemblait à un musée ou à un salon de lépoque bourgeoise. Cela la flattait. Elle aimait recevoir, jouer du piano pour ses invités et briller en société. Cette maison était son royaume, sa forteresse. Et elle cuisinait à la perfection, gâtant son mari et ses enfants.

« Maman, ma future femme saura cuisiner comme toi ? » demandait le petit Théo.
« Je lespère, mon chéri. Mais ce nest pas facile à trouver, » souriait-elle.
« Alors je resterai toujours avec toi ! »
« Oh non, mon fils. Les enfants doivent grandir et quitter le nid à temps. Il ne faut pas vivre avec ses parents toute sa vie. Chacun doit avoir son propre foyer. »

Oui, elle préférait être une grand-mère du dimanche plutôt que de vivre en « tribu », entourée denfants et de petits-enfants.

Puis, soudain, sa vie heureuse prit fin, et Hélène se retrouva seule.

Laurent était mort subitement, un matin. Même les secours navaient pas eu le temps darriver. Le cœur. Il se plaignait depuis longtemps, prenait ses médicaments religieusement, consultait des médecins Mais lhomme est mortel, et surtout, mortel sans prévenir.

Hélène avait dabord sombré dans le chagrin, puis sétait ressaisie. Les enfants avaient quitté le nid, comme elle lavait toujours dit. Aurélie, diplômée en économie, avait rencontré son mari, Julien, et ils avaient emménagé dans un petit appartement loué dans un quartier mal famé tout ce quils pouvaient se permettre. Cest là que leur fille, Camille, était née. Théo, quant à lui, avait commencé à fréquenter une jeune femme, Sophie, et avait emménagé dans une chambre universitaire.

Quand Aurélie avait commencé sa vie de famille, elle avait timidement demandé :
« Maman, on pourrait rester un peu chez toi, le temps que Julien trouve un meilleur travail ? »
« Non, ma chérie. Tu tes mariée, maintenant tu dois bâtir ta propre vie. Crois-tu que ton père et moi avons eu de laide ? Nous avons vécu en colocation, dans des logements insalubres. Mais nous nous en sommes sortis. Et regarde où nous en sommes aujourdhui. Vous devez en faire autant. »

À Théo, elle tenait le même discours : un homme doit subvenir aux besoins de sa famille, assumer ses responsabilités. Les enfants nétaient pas toujours daccord, mais ils nosaient pas contredire leur mère.

Hélène croyait en cette idée : la distance rapproche. Elle appelait régulièrement ses enfants, leur offrait des cadeaux, les invitait pour le thé et des pâtisseries, les emmenait aux concerts de ses élèves où elle accompagnait au piano, sefforçant de recréer cette douceur familiale.

Et aujourdhui, elle préparait un grand repas pour son anniversaire. Des plats délicieux, une table parfaitement dressée, des épices parfumant toute la maison. Elle avait pris le temps de se coiffer et de se maquiller légèrement. Elle portait une robe scintillante, réservée aux concerts, et des boucles doreilles serties de diamants un cadeau de Laurent.

Peu à peu, la famille arriva. Dabord Théo et Sophie, qui lui offrirent un immense bouquet de roses et un service à café en porcelaine.
« Mon Dieu, quelle beauté ! Merci, mes chéris, » sexclama Hélène en les serrant contre elle.
« Nous savions que ça te ferait plaisir, » dit Sophie.
« Sophie, ta robe est magnifique. Et ton visage est si rond On dirait une poupée ! »
« Maman, justement, nous voulions tannoncer » commença Théo.
« Plus tard, plus tard ! Aurélie et Julien arrivent. Leur vieille voiture est encore en panne. Ils prennent trois bus, mais ils devraient arriver à temps. »

Une demi-heure plus tard, Aurélie, Julien et Camille arrivèrent. Ils apportèrent un bouquet de tulipes et une petite boîte en velours contenant un pendentif en or avec des pierres.
« Comme ça brille Merci, mes amours. Je vois que ce ne sont pas des diamants, mais cest très joli. Je ne le porterai pas avec ces boucles doreilles, mais avec ma bague habituelle. »
« Nous navons pas pu nous offrir des diamants, maman, » répondit Aurélie, épuisée. « Cette vieille voiture nous coûte une fortune, le loyer a encore augmenté, les activités de Camille On ne sait plus où donner de la tête. »
« Aurélie, ne gâchons pas cette journée avec ces histoires. Les problèmes, tout le monde en a. Tout finira par sarranger, » sourit Hélène. « À table, maintenant ! »

Les convives sinstallèrent autour de la table somptueusement dressée, savourant les plats parfaits, complimentant lhôtesse et échangeant des banalités sur le travail et la météo.

« Comme cest bon, mes enfants Dommage que votre père ne soit plus là. Il moffrait toujours dimmenses bouquets et des bijoux. Et je cuisinais ses plats préférés. Quel homme merveilleux Parti trop tôt, » soupira Hélène. « Mais ne nous attristons pas. Après le repas, je jouerai du piano, et nous chanterons ensemble. »

« Maman, laisse-moi te dire, » Théo leva son verre, « nous avons une autre surprise pour toi. Pour être honnête, ça a été une surprise pour nous aussi. »
« Ah oui ? Quest-ce que cest ? » Hélène leva son verre à son tour, espérant secrètement des diamants pour impressionner ses collègues.
« Maman, tu vas être grand-mère une deuxième fois ! Sophie et moi attendons un bébé. »
« Oh là là ! Quelle nouvelle ! » sexclama-t-elle après un silence. « Vraiment une surprise ! Je suis tellement heureuse pour vous ! »

Aurélie embrassa son frère, Julien félicita Sophie, et Camille rayonnait de joie.

« Allons

Оцените статью